Les banques chinoises pourraient-elles résister à une chute de 50 à 60% de la valeur des propriétés résidentielles, après des années de boom sans précédent?

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Tel est la question que les autorités chinoises ont demandé aux prêteurs hypothécaires dans certaines villes, dans le cadre d'une nouvelle série de tests de résistance visant à évaluer la solidité des banques, selon l'agence Bloomberg qui cite des sources anonymes en Chine.

S'il se confirme, un test bancaire aussi sévère - deux fois plus exigeant que lors de tests précédents - pourrait indiquer que la somme record de prêts hypothécaires - 1400 milliards US accordés l'an dernier - a alimenté une bulle immobilière susceptible de gonfler les défauts de paiement pour les banques.

Normes resserrées

D'ailleurs, depuis avril dernier, les autorités chinoises ont resserré les normes des prêts hypothécaires après que les prix des maisons dans certaines villes eurent bondi de 68% au premier trimestre par rapport à l'an dernier.

Une éventuelle dégringolade du marché immobilier en Chine pourrait ralentir encore plus l'économie du pays, qui a crû à une cadence de 10,3% au deuxième trimestre, soit moins que prévu.

Selon l'économiste Yves St-Maurice, du Mouvement Desjardins, «mener des tests bancaires avec une telle chute des valeurs immobilières (de 50 à 60%) relève d'un véritable scénario de catastrophe de la part des autorités chinoises, alors qu'on s'attend à un ressac des valeurs de l'ordre de 10 à 20% échelonné sur 12 à 18 mois».

N'empêche, selon l'économiste, «si ce ressac immobilier attendu en Chine s'avérait pire que prévu, cela risque de freiner subitement la construction d'immeubles et d'infrastructures qui représente environ 40% du produit intérieur brut (PIB) chinois, presque deux fois plus qu'aux États-Unis, par exemple».

Le 20 juillet dernier, les autorités chinoises ont indiqué que les banques devraient «continuer à mener des tests de résistance plus à fond» sur les prêts hypothécaires et dans les industries associées.

Selon l'agence Bloomberg, les résultats de ces tests auraient montré que la proportion de prêts hypothécaires douteux dans les banques chinoises augmenterait de 2,2 points de pourcentage si les prix des maisons chutaient de 30%, et si les taux d'intérêt grimpaient de 108 points de base (1,08%).

Selon ce scénario, les profits des banques chinoises baisseraient de 20%.

Mais selon Frédéric Imbeault, vice-président aux marchés asiatiques de la firme de gestion de placements Hexavest à Montréal, il faut attendre l'impact des mesures restrictives mises en place depuis avril avant d'envisager un scénario catastrophique.

«Pour le moment, on s'attend à ce que ces mesures visant le secteur immobilier ralentissent la croissance économique en Chine autour de 8 ou 9% par année, par rapport à un peu plus de 11% récemment. Cela devrait suffire à réduire le risque pour le secteur bancaire d'une multiplication soudaine des mauvais prêts hypothécaires et des éléphants blancs dans le secteur immobilier», selon M. Imbeault.

Parmi les mesures adoptées par les autorités chinoises pour ralentir la spéculation immobilière, on note une augmentation des taux minimaux des prêts hypothécaires et de la mise de fonds pour les achats d'une deuxième maison.

Les autorités chinoises ont aussi suspendu les prêts pour l'achat d'une troisième maison à des fins d'investissement spéculatif.