Un ancien analyste de l'agence de notation Moody's a accusé mercredi des banquiers revendant des titres adossés à des prêts immobiliers d'avoir menti sur la composition de ces titres et d'avoir ainsi permis qu'ils soient notés mieux qu'ils n'auraient dû l'être.

Interrogé devant la Commission d'enquête sur la crise financière (FCIC) américaine à New York, cet ancien salarié de Moody's, Eric Kolchinsky, a expliqué que certaines banques lui avaient caché des informations essentielles au processus de notation.

Précisément, une fois le titre émis, elles se refusaient à dire à qui les tranches de prêts de la moins bonne qualité étaient revendues. Elles étaient en fait parquées dans des «véhicules» appartenant à la banque mais mises hors bilan, permettant de dissimuler la perte de leur valeur qui aurait été constatée sur un marché. Cela permettait de retarder la baisse de la note attribuée au titre.

«Je ne savais pas dans quelle mesure une part du collatéral (actifs garantissant un prêt, ndlr) était mise sur le bilan des banques, et l'autre part allait dans d'autres endroits pour y être entreposée. C'est une question sur laquelle les banquiers ne nous disaient rien», a expliqué M. Kolchinsky.

«J'ai eu des cas où des banquiers, je pense, me mentaient à propos de l'endroit où (ces prêts, ndlr) étaient placés et je n'ai rien pu faire contre ça. Vous savez, il n'y a pas de délit de mensonge à un analyste d'agence de notation», a-t-il poursuivi.

Selon M. Kolchinsky, il aurait fallu qu'une «chaîne d'événements» se produisent pour dénoncer les faits aux autorités de régulation des marchés financiers. En plus détenir des preuves tangibles, «il aurait fallu que la direction soit d'accord pour prendre des mesures contre des clients payant des commissions importantes», a-t-il souligné.

À son tour interrogé devant la même commission, le directeur général de Moody's Raymond McDaniel a réfuté que son agence ait pu noter des titres en sachant que des informations essentielles lui étaient dissimulées.

«Il est certain que si nous étions au courant de quoi que ce soit de trompeur ou d'une quelconque manipulation, nous n'utiliserions pas ces informations, et nous ne continuerions pas à noter une transaction avec une institution financière qui ferait cela», a-t-il avancé.

«Notre méthodologie est, je pense, claire en ce qui concerne les informations dont nous avons besoin pour noter un titre. Et je pense que nous nous sommes enquis de ces informations conformément à notre méthodologie», a-t-il déclaré.