Les investisseurs qui achètent des actions de sociétés financières canadiennes préfèrent en ce moment les banques aux assureurs davantage qu'en tout autre temps en 22 ans. Ils récompensent ainsi les prêteurs pour avoir évité le pire de la crise du crédit et punissent les assureurs en raison de leurs pertes aux États-Unis.

Le sous-indice bancaire S&P/TSX, qui regroupe les titres de huit banques et d'une compagnie de fiducie, a grimpé à 1949,57 points, soit plus du double du sous-indice d'assureurs, qui a clôturé mardi à 921,89 points. En avril 2008, la prime de l'indice bancaire par rapport à un regroupement de huit assureurs s'établissait à 7,2%, le niveau le plus bas en près de six ans. Les deux indices étaient à 1000 il y a près d'une décennie.

«La plupart des banques sont bien dirigées», explique Sadiq S. Adatia, responsable des placements de Russell Investments Canada, qui gère des actifs d'environ 12 milliards. «Elles ont pris les bonnes décisions et elles sont à l'affût d'occasions dans le futur tandis que les compagnies d'assurance tentent encore de se remettre de la crise», ajoute-t-il.

Les banques canadiennes, qui ont commencé à dévoiler leurs résultats du premier trimestre hier, sont susceptibles de hausser leurs bénéfices d'exploitation par action de 9%, ce qui serait le plus fort gain en 10 trimestres, a écrit dans une note Sumit Malhotra, un analyste de Macquarie Capital Markets. On prévoit que les prêteurs gonfleront leurs profits de 22% en 2010, comparativement à une baisse de 0,9% chez les assureurs, d'après des estimations moyennes recueillies auprès d'analystes par Bloomberg.

Des prêteurs tels que la Banque Royale du Canada et la Banque Toronto-Dominion sont demeurés rentables tandis que sévissait la pire crise financière depuis les années 30. Pour leur part, la Financière Manuvie et la Financière Sun Life, qui comptent pour plus de la moitié de l'indice des assureurs, ont subi trois et quatre pertes trimestrielles, respectivement, depuis la mi-2008. Ces résultats illustrent la dépendance plus grande des assureurs envers leurs revenus américains de même que leur vulnérabilité face à des taux d'intérêt bas.