L'inquiétude au sujet du secteur bancaire européen s'est ajoutée ce week-end à celle, déjà vive, entourant les déficits des gouvernements. Pendant ce temps, les banques canadiennes devraient dévoiler aujourd'hui des résultats financiers qui confirmeront leur solidité malgré la tempête.

Tandis que des banques espagnoles luttent pour leur survie et inquiètent investisseurs et spéculateurs, les canadiennes montreront à nouveau leur solidité et leur rentabilité.

Le festival des résultats de leur deuxième trimestre commence aujourd'hui avec le dévoilement des chiffres de la Banque de Montréal et de la Laurentienne.

Les mois de février, mars et avril totalisent 89 jours, soit la plus courte période pour un trimestre. Dans ces conditions, les revenus d'intérêt ne peuvent guère augmenter.

Cela dit, même les plus petites devraient afficher des bénéfices stables.

«Nous augmentons nos prévisions de revenus et nos cibles du cours des actions pour tout le groupe sur la base de notre conviction que les tendances du crédit vont se normaliser plus vite que ce que nous anticipions», écrivaient à leur clientèle Steve Theriault et Samira Amini, analystes chez Bank of America Merrill Lynch (BAML), la semaine dernière. BAML est toutefois plus optimiste que le consensus.

Chez Valeurs mobilières Desjardins (VMB), Michel Goldberg est moins enthousiaste. «Les banques canadiennes font face à deux vents adverses en début d'année: l'incertitude du contexte économique et l'attente des nouvelles règles de capitalisation selon les Accords de Bâle 2,1.»

Tant que ces enjeux n'auront pas été clarifiés, pense-t-il, les banques canadiennes hésiteront à se lancer dans de grandes acquisitions ou à hausser leurs dividendes.

Shubha Khan, de la Financière Banque Nationale, estime pour sa part que la Canadian Western Bank (CWB) et la Banque Laurentienne (BL) éprouveront un peu plus de difficulté à croître au cours des prochains mois en raison d'une trop grande proportion de leurs revenus tirés de leurs activités de prêts au détail. «Nous croyons que les perspectives de croissance des prêts de BL sont moins favorables que celles de CWB, voire des six grandes, en raison d'une croissance économique plus faible au Québec», écrit-il. Il prévoit néanmoins un bénéfice trimestriel de 27,8 millions ou 1,03$ par action, en baisse de 14,4% sur le trimestre précédent.

Le risque de crédit est plutôt faible pour l'ensemble des activités des banques. En particulier, les prêts défaillants et les faillites personnelles sont en baisse depuis leur sommet de septembre. Une telle situation pourrait être favorable à la Banque de commerce, la plus exposée au risque sur cartes de crédit en tant qu'émettrice de la très populaire CIBC Aéro Or, note BAML.

La prévision consensuelle des analystes pour la Banque de Montréal est un bénéfice par action de 1,08$, soit cinq cents de moins que pour la période de novembre à janvier, mais 15 cents de mieux que pour le deuxième trimestre de 2009. Les investisseurs surveilleront en particulier une rubrique de ses états financiers, la marge d'intérêt nette qui se démarque favorablement de la concurrence.

Trois banques entreront en scène demain.

Le bénéfice de la Banque canadienne impériale de commerce devrait afficher une baisse de 8,2% sur le premier trimestre et de 6,2% par rapport à la période de février à avril 2009. C'est dans l'ensemble de ses activités hors prêts que le recul est concentré.

La Banque Royale dégagerait pour sa part un bénéfice par action en hausse d'environ 10% sur le premier trimestre et de 20% sur ses résultats de l'an dernier. La plus grosse banque au pays serait parvenue à la fois à augmenter ses revenus d'intérêts et à diminuer ses provisions pour mauvaises créances. La Banque Toronto-Dominion est celle qui connaît la croissance la plus foudroyante de son bénéfice net: depuis un an, il a presque doublé à hauteur de 1,5 milliard, selon les prévisions. Par rapport au premier trimestre cependant, il devrait un peu reculer en raison d'une baisse de ses activités non liées au prêt.

Selon BAML, la Nationale pourrait à nouveau surprendre les analystes vendredi avec le dynamisme de ses activités commerciales. En outre, l'économie québécoise s'est bien vite rétablie de la récession. Les perspectives d'une croissance plus lente de la société distincte limitent cependant le potentiel d'expansion de l'institution de la rue De La Gauchetière.

La Banque de Nouvelle-Écosse fermera le bal mardi prochain. Troisième banque en importance au pays, c'est de loin la plus exposée au contexte économique international et à l'Amérique latine en particulier. Les provisions pour pertes sur prêts dans cette région du monde sont plus difficiles à prévoir que celles au Canada et aux États-Unis. Une surprise reste possible.

 

PRÉVISIONS DE BÉNÉFICES AU DEUXIÈME TRIMESTRE

Banque de Montréal

TOTAL

626 millions

PAR ACTION

1,08$

Banque canadienne impériale de commerce (CIBC)

TOTAL

586 millions

PAR ACTION

1,47$

Banque Royale

TOTAL

1663 millions

PAR ACTION

1,08$

Banque Toronto-Dominion

TOTAL

1258 millions

PAR ACTION

1,38$

Banque Nationale

TOTAL

259 millions

PAR ACTION

1,48$

Banque de Nouvelle-Écosse (Scotia)

TOTAL

945 millions

PAR ACTION

0,93$