La banque d'affaires Goldman Sachs (GS) a démontré son excellente santé mardi avec des résultats trimestriels doublés sur un an, alors qu'elle organise sa défense face à des plaintes des autorités boursières américaine et britannique, qui l'accusent d'avoir trompé des investisseurs.

«Notre performance du premier trimestre reflète l'apparition de davantage de signes de croissance économique», a commenté Lloyd Blankfein, PDG de la banque, cité dans le communiqué.

Au cours du 1er trimestre de 2010, Goldman Sachs a doublé son bénéfice net part du groupe par rapport au 1er trimestre 2009, à 3,3 milliards de dollars. Par action, le bénéfice net représente 5,59 dollars, bien au-delà des attentes des analystes.

Le chiffre d'affaires du groupe a lui aussi bondi de 35% à 12,8 milliards de dollars, un chiffre lui aussi meilleur qu'attendu.

«Au vu des récents événements impliquant l'entreprise, nous apprécions le soutien de nos clients, actionnaires, et le dévouement et l'engagement de nos employés», a déclaré M. Blankfein en allusion à la plainte déposée vendredi par l'autorité boursière américaine (SEC).

La SEC accuse la banque d'avoir trompé des investisseurs en leur vendant un produit financier complexe, Abacus, composé d'un ensemble de produits dérivés liés à des prêts hypothécaires risqués, les fameux «subprime» à l'origine de la crise financière.

La SEC reproche à Goldman Sachs d'avoir laissé un important client, le patron de fonds spéculatif John Paulson, influencer la sélection des titres entrant dans la composition d'Abacus, sans avoir révélé aux acheteurs potentiels que M. Paulson pariait parallèlement sur la chute des subprimes.

En particulier, d'après la SEC, Goldman Sachs n'a pas révélé à ACA, un cabinet spécialisé embauché pour sélectionner les titres entrant dans Abacus et qui recevait les conseils de John Paulson, que ce dernier pariait sur la chute du marché hypothécaire américain.

Lorsque ce marché s'est effondré au début de l'été 2007, les investisseurs ayant acheté de tels produits ont essuyé de lourdes pertes, tandis que M. Paulson récoltait une fortune.

Mardi, la FSA, le gendarme des marchés britanniques, a, à son tour, annoncé «l'ouverture d'une enquête officielle» sur Goldman. Son homologue allemand, le Bafin, a également demandé des renseignements à la SEC.

En Europe et aux États-Unis, l'affaire prend un ton politique, notamment en pleine préparation d'une réforme majeure de la réglementation financière à Washington.

L'action Goldman Sachs a perdu 11,03% depuis l'annonce de la plainte, plombant les marchés financiers dans le monde.

Lors d'une conférence d'analystes, les dirigeants de Goldman Sachs ont rejeté toute fraude.

«ACA était pleinement responsable du choix de ces titres et a été payé pour cela», a affirmé Greg Palm, directeur juridique de Goldman, répétant que les investisseurs ayant conçu ou acheté du Abacus étaient «sophistiqués» et «au courant des risques qu'ils prenaient». La banque elle-même a perdu «plus de 100 millions de dollars» en achetant du produit Abacus, a-t-il précisé.

M. Palm a ajouté que toutes les informations «significatives» avaient été divulguées.

Avec une pointe d'impatience dans la voix, le directeur financier David Viniar a affirmé que le choix des titres entrant dans Abacus «n'avait de toute façon aucune importance», puisqu'il s'agissait de produits dérivés de crédits hypothécaires. «Et si vous avez acheté (ces produits avant l'été 2007), vous avez pris un bouillon au moment de l'effondrement du marché», a-t-il ajouté.

La banque n'exclut pas de «trouver un accord de règlement à l'amiable» avec la SEC, a souligné M. Palm.