Cinquante-six pour cent! Voilà l'augmentation-surprise du bénéfice annoncé par JP Morgan Chase, hier. Les profits de la banque américaine ont atteint 3,3 milliards US au premier trimestre de 2010 contre 2,14 milliards US au trimestre correspondant de l'an dernier. Les analystes sont restés bouche bée.

Hier, les banques canadiennes ont profité de cette bonne nouvelle, entre autres, grimpant de 2% en Bourse, en moyenne. Maintenant, LA question: faut-il acheter les titres bancaires ou les vendre après des mois de hausse soutenue?

Le gestionnaire de portefeuille Hugues Dubeau, de Dubeau Capital, ne se laisse pas impressionner par JP Morgan. D'abord, faut-il dire, JP Morgan doit une bonne partie de ses profits au boom du marché des titres à revenus fixes. Mais surtout, les titres bancaires ont beaucoup monté au cours de la dernière année et sont maintenant bien évalués, fait valoir M. Dubeau.

De fait, les actions des banques ont presque doublé depuis le creux d'avril 2009, à un moment où certains craignaient l'écroulement du système financier, dans la foulée de la crise. Aujourd'hui, les titres des banques sont revenus au niveau d'il y a deux ans, au printemps 2008. «Nous sommes davantage vendeur qu'acheteur par les temps qui courent. Les banques peuvent continuer de grimper, mais leurs cours boursiers sont moins alléchants», dit Hugues Dubeau.

Il y a un an, le rendement du dividende versé par les banques était fort attrayant pour les investisseurs. Compte tenu des cours déprimés d'alors, le rendement planait au-dessus de 7%. Aujourd'hui, ce taux a été coupé de moitié.

«Dans un environnement où les taux montent un peu, on regarde davantage les compagnies d'assurances», dit M. Dubeau.

Carole Berthiaume, gestionnaire de portefeuille chez Fiera, ne voit pas les choses du même oeil. Sur un horizon de 18 à 36 mois, elle croit que les banques recèlent encore un potentiel à la hausse.

«La hausse des titres bancaires est le reflet de l'ensemble du marché. Les banques ne sont guère plus chères que le marché en général», dit-elle.

Au dire de Mme Berthiaume, la détérioration des prêts des banques s'est stabilisée plus vite que prévu. Aussi, les provisions que les banques se prennent pour se prémunir contre les pertes sur prêts vont diminuer, croit-elle, augmentant du même coup les profits.

Une des principales incertitudes qui pèsent sur les banques a trait aux exigences de capital imposées par le Surintendant des institutions financières. Les règles sur les ratios de capital seront fixées d'ici la fin de 2010, dit Mme Berthiaume, dans la foulée de discussions internationales sur le sujet. D'ici là, il serait surprenant que les banques augmentent leurs dividendes.

Les analystes semblent partager les divergences de vues des deux gestionnaires. Par exemple, en ce qui concerne la Banque Royale, principale institution au Canada, sept des 14 analystes qui suivent le titre sont acheteurs, un est vendeur et six sont au neutre (conserver). Dans le cas de la Banque Nationale, quatre suggèrent d'acheter, neuf de conserver et un de vendre.

Alors, faut-il acheter ou vendre les banques?