Le Québec finance pour 17,5 milliards de dépenses de plus que l'Ontario, ont calculé les quatre économistes mandatés par le ministre des Finances pour trouver des solutions au cul-de-sac des finances publiques. Si les services liés à la santé, à l'éducation et à la famille sont responsables des écarts les plus importants, l'aide aux entreprises en explique aussi une bonne partie. Elle coûte deux fois plus cher qu'en l'Ontario. Le Québec nourrit aussi plusieurs sociétés d'État à vocation économique dont la performance n'est pas souvent, sinon jamais remise en question. Lorsque même les gens d'affaires réclament une réévaluation des programmes d'aide à l'entreprise, ça veut dire qu'il est peut-être temps de s'y mettre. Voici quelques pistes à suivre.

Le plan de match établi par le président Pierre Shedleur en arrivant à la Société générale de financement il y a cinq ans n'était pas très ambitieux, mais mêmes modestes, ses objectifs n'ont pas été atteints.

Après l'enthousiasme jugé extravagant de son prédécesseur Claude Blanchet, Pierre Shedleur voulait que la SGF revienne sur terre. Il s'était donné comme objectif d'atteindre un rendement moyen de 4 à 5% sur cinq ans, pour couvrir le coût des fonds que le gouvernement emprunte pour assurer son fonctionnement.

Cinq ans plus tard, le taux de rendement moyen sur cinq ans est sous zéro, à -1,5%, ce qui veut dire que le holding industriel et financier du gouvernement, loin d'enrichir les contribuables québécois, est subventionné par eux.

L'exercice 2009 s'annonce encore déficitaire pour la SGF. L'année dernière a pourtant été une grosse année pour la SGF, à qui le gouvernement avait confié 1,25 milliard supplémentaire à investir en deux ans.

En 2009, la SGF a effectivement investi plus d'argent, soit plus de 266 millions, un record. Le Fonds de solidarité FTQ, qui a aussi connu une année record l'an dernier, a investi trois fois plus d'argent, soit 848 millions.

La plupart des investissements faits par la SGF l'an dernier étaient loin de sa mission originale, qui est d'investir en capital-actions dans des projets structurants pour l'économie du Québec. En 2009, la SGF a surtout acheté des terres à bois (80 millions) et fait des prêts à des entreprises existantes pour les aider à passer à travers la récession (175 millions). Seulement deux nouveaux investissements ont été réalisés, dans le secteur pharmaceutique (Laboratoires Paladin, 5,1 millions) et dans le cinéma (Lions Gate, 6,1 millions).

Décroissance

La SGF fait de plus en plus la même chose qu'Investissement-Québec, le Fonds de solidarité FTQ ou la Caisse de dépôt. Les prises de participation et les coentreprises avec des entreprises étrangères intéressées à investir au Québec, qui ont été la raison d'être de la SGF depuis 45 ans, sont en décroissance.

Son actif total est aussi en décroissance et le nombre d'employés est passé d'un sommet de 206 en 2002 à 107 l'an dernier. Moins nombreux, les employés sont toutefois bien logés. La SGF occupe deux étages et demi de l'édifice de la Banque Nationale, au centre-ville de Montréal, soit une superficie totale de 60 000 pi2. Cet espace lui coûte près de 200 000$ par mois.

Les dépenses sont un des rares postes qui n'ont pas été en décroissance dans le plan quinquennal de Pierre Shedleur. Le fonctionnement de la SGF coûtait 30 millions en 2005 et 34 millions en 2009, malgré une baisse d'effectifs. Ces effectifs sont toutefois mieux payés, à commencer par son président.

Le salaire de base de Pierre Shedleur était de 257 000$ en 2004. Son contrat a été renouvelé l'an dernier, en 2009, avec un salaire de base de 344 000$. En 2008, malgré une perte de 261 millions, M. Shedleur a touché 548 466$, en comptant les bonis auxquels il avait droit.

Mais même bien payés, les employés de la SGF n'ont plus guère le coeur à l'ouvrage. C'est du moins ce qu'indique un sondage interne dont les résultats ont circulé publiquement. La moitié des employés estiment que le leadership de la SGF est inefficace et qu'elle ne fait pas bien son métier d'investisseur.

Un des rares éléments de satisfaction des employés se trouve dans le régime de retraite de la SGF, qui est jugé adéquat par plus de 80% d'entre eux.