Un peu ternes, les prochains résultats des banques canadiennes?

C'est du moins ce qu'attendent les analystes à la veille d'une nouvelle ronde de résultats trimestriels qui s'amorce. Une bonne nouvelle après plusieurs trimestres tumultueux.

La Banque CIBC et la Banque Nationale seront les premières en lice, demain, avec les résultats de leur premier trimestre terminé en janvier.

À surveiller chez la Nationale: des frais spéciaux estimés à 75 millions de dollars qui découlent de la forte amende imposée en décembre par les autorités boursières pour ses fautes avec les papiers commerciaux non bancaires (PCAA), juste avant l'éclatement de ce marché au Canada, en août 2007.

Parmi les autres banques, les résultats du premier trimestre de 2010 sont attendus en rafale la semaine prochaine.

Mais, déjà, les attentes sont plutôt modérées. «Enfin», diront certains, après plusieurs trimestres parmi les plus tumultueux en un demi-siècle dans le secteur bancaire. «Hélas», diront les investisseurs boursiers qui ont su profiter de la déprime et du vif rebond des actions des banques au cours des deux dernières années.

«Le premier trimestre de 2010 marque le début d'un exercice qui devrait être plutôt tranquille pour les banques canadiennes. Mais, après deux années très agitées, une année tranquille devrait être considérée comme bonne», explique Robert Sedran, analyste des services financiers à la Financière Banque Nationale, dans une récente note à ses clients investisseurs.

«Les banques canadiennes sont en transition quant à leurs principaux risques d'affaires. Elles passent des effets de la crise du crédit et de la récession à ceux d'une économie encore ralentie et d'une réglementation resserrée», explique Michael Goldberg, analyste du secteur financier chez Valeurs mobilières Desjardins (VMD).

Dans l'immédiat, les analystes s'attendent à des résultats de premier trimestre qui, au mieux, pourraient être comparables à ceux de l'an dernier.

En fait, un léger déclin du résultat net des banques demeure l'hypothèse la plus plausible. De l'ordre de 4 ou 5% sur une base annualisée, et d'environ 0,5% en suivi séquentiel par rapport au trimestre précédent.

Pour quelles raisons? D'une part, notent les analystes, le fort et très lucratif regain des activités boursières des banques, l'an dernier, s'est amenuisé au cours des derniers mois.

«Ce rebond boursier d'une ampleur sans précédent a gonflé les résultats de courtage des banques à des niveaux anormalement élevés, insoutenables même», avertit Michael Goldberg, de VMD.

D'autre part, le gonflement des bénéfices boursiers des banques leur a servi à compenser, temporairement du moins, l'impact négatif sur leurs résultats de la hausse des provisions pour pertes sur prêts.

Ces provisions accrues constituent une précaution habituelle des banques pour contrer les effets de la récession parmi leurs clients emprunteurs.

Par conséquent, tant que la sortie de récession sera léthargique, les banques canadiennes pourraient rehausser encore leurs provisions pour pertes sur prêts.

L'analyste Mario Mendonca, spécialiste des banques chez Genuity Capital à Toronto, s'attend à une majoration moyenne de 4% de ces provisions au premier trimestre, par rapport au précédent.

Ces provisions pourraient s'élever en tout à 2,6 milliards parmi les six principales banques.

S'il s'avère, un tel montant représenterait une hausse annualisée de 18% par rapport au premier trimestre de 2009. Néanmoins, il s'agirait d'une hausse beaucoup moins forte que celle de 61% observée au trimestre précédent.

«Je ne m'attends pas à ce que les banques puissent commencer à réduire leurs provisions de pertes sur prêts avant la fin de leur exercice 2010», dit M. Mendonca.