La Caisse de dépôt et placement du Québec pourrait se mettre sur le chemin d'une mégatransaction dans le domaine du transport en commun en Europe.

Elle pourrait aussi lui donner le feu vert.

La Société nationale des chemins de fer français (SNCF) a entrepris des discussions avec Arriva, une des principales sociétés d'autobus et de trains du Royaume-Uni, au sujet de la création d'un gigantesque groupe européen de 9,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires.

La SNCF vendrait en tout ou en partie sa filiale Keolis à Arriva. En retour, elle obtiendrait une participation dans Arriva.

Le groupe qui résulterait de cette transaction pourrait tenir tête au géant de 13 milliards de dollars que sont en train de créer les sociétés françaises Veolia Transport et Transdev.

Il y a un hic. La Caisse de dépôt et placement du Québec détient une participation de 20% dans Keolis. Et en vertu d'une convention d'actionnaires, elle doit donner son approbation pour toute transaction stratégique.

L'institution québécoise a refusé de commenter les discussions entre la SNCF et Arriva, mais elle a confirmé l'existence d'une convention d'actionnaires.

La SNCF est l'actionnaire de contrôle de Keolis avec une participation de 56,7%. Par l'entremise de Kebexa, la Caisse et le fonds Axa Private Equity se partagent une participation de 40%. L'institution québécoise n'a pas voulu révéler le montant de son investissement, mais, selon le rapport annuel 2008, il se situerait entre 300 et 500 millions de dollars.

La SNCF s'est tournée vers Arriva après avoir échoué dans sa tentative d'acquérir Transdev, une des principales sociétés de transport public en Europe, avec des revenus de 4,6 milliards de dollars en France et dans huit autres pays.

L'été dernier, la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et la Caisse des dépôts et consignations (l'équivalent de la Caisse de dépôt et placement du Québec) ont fait savoir qu'elles se retiraient de Transdev.

Intérêts au Québec

La SNCF et Veolia Transport, le plus grand exploitant de transport public en Europe avec des revenus de 8,5 milliards de dollars, ont tenté de mettre la main sur Transdev. C'est Veolia qui a remporté la bataille. La clôture de la transaction devrait avoir lieu en mars.

Veolia a des intérêts au Québec. Elle dessert notamment Saint-Jean-sur-Richelieu, Sainte-Julie et les réseaux du Conseil intermunicipal de transport de Chambly-Richelieu-Carignan. Or, Transdev est aussi présente dans la province. En juillet 2007, elle a acquis Limocar, qui effectue notamment la liaison Montréal-Sherbrooke. Deux ans plus tard, elle a acheté Autobus Auger, ce qui lui permet maintenant de desservir quatre conseils intermunicipaux de transport (CIT) sur les 11 que compte la couronne de Montréal. La transaction permettra donc à Veolia d'asseoir sa présence dans la région montréalaise.

Après cet échec, la SNCF a jeté son dévolu sur Arriva. Avec un chiffre d'affaires de 4,9 milliards de dollars, le groupe britannique est présent dans 12 pays européens, mais pas en France. La SNCF a proposé d'injecter Keolis dans Arriva et d'obtenir une participation dans le nouveau groupe. Avec un chiffre d'affaires de 4,5 milliards de dollars, Keolis est présente en France et dans sept autres pays, notamment au Canada. Elle possède en effet 75% des actions du Groupe Orléans Express, qui dessert Montréal, Québec, le Bas-du-Fleuve et les provinces de l'Atlantique.

La SNCF et Keolis n'ont fait aucun commentaire sur une éventuelle transaction, mais Arriva a confirmé que des discussions étaient en cours «à un stade très préliminaire».