Les déposants de la Caisse de dépôt, «tannés des mauvaises surprises», ont poussé l'institution à faire des changements importants au cours de la dernière année.

Hier, en entrevue, le premier vice-président responsable de la gestion des comptes des déposants, Bernard Morency, a fait part du ras-le-bol des déposants. Leur confiance a été ébranlée par les pertes sur les PCAA (2007), les pertes sur les produits financiers complexes (2008) et les radiations sur les prêts hypothécaires à risque (2009).

«Les déposants nous ont dit: écoutez, c'est assez, les mauvaises surprises. Il faut qu'on change la façon qu'on travaille ensemble. Il faut qu'on change la reddition de comptes. (...) Qu'est-ce qu'on va faire pour que ça ne se reproduise plus?»

Parmi les déposants de la Caisse, on retrouve la CSST, le régime de retraite des employés de la construction (CCQ) et celui des employés gouvernement (RREGOP), entre autres.

«Est-ce que vous comprenez c'est quoi notre monde? nous ont demandé les déposants. Est-ce que vous comprenez comment ça fonctionne à la SAAQ, à la CSST, à la Régie des rentes?», selon qui la confiance était ébranlée.

Les déposants ont exigé qu'on respecte l'intégrité des portefeuilles, dit M. Morency, qui fait référence aux stratégies de superposition des placements.

Fonds indiciels

La Caisse a donc placé au coeur de sa mission son rôle de fiduciaire des fonds des déposants. Elle veut aussi offrir plus de flexibilité à ses clients. Ainsi, pour les marchés internationaux, où la Caisse a eu des mauvais rendements, on leur a offert la possibilité de choisir plutôt des fonds indiciels, c'est-à-dire dont le rendement est calqué sur celui des indices boursiers internationaux.

Globalement, les déposants ont, dans l'ensemble, environ 35% de leurs fonds placés en Bourse. Les deux tiers de 35% (ou 23% du total) sont dans ces marchés internationaux, où la Caisse a eu de mauvais rendements.

Autre initiative: la Caisse offrira à chacun des déposants de choisir sa propre politique de couverture de change. Depuis deux décennies, la Caisse couvre à 100% ses portefeuilles immobilier et de placement privés à l'étranger et à environ 45% ses placements boursiers étrangers. Désormais, les déposants pourront choisir leur taux de couverture.

À l'automne 2008, la Caisse avait été obligée de puiser dans ses liquidités pour couvrir la chute du huard. En 2009, c'est probablement l'inverse qui s'est produit, avec la remontée de notre monnaie.

Pour Michael Sabia, toutefois, il n'est pas question de permettre aux déposants de choisir un autre gestionnaire que la Caisse pour gérer leurs fonds. La taille de la Caisse est un atout pour les grandes transactions, dit-il.

 

La Caisse en chiffres

Actif au 31 décembre 2008 - 120,1 milliards

Rendement au 31 décembre 2008 - -25%

Rendement du 1er semestre 2009 - 0%

Nombre de clients-déposants - 25

Dont la Régie des rentes du Québec et la Société d'assurance automobile du Québec

Source: Caisse de dépôt et placement du Québec