Deux avocats connus figurent sur la liste des clients de la Stanford Bank International, a constaté La Presse Affaires.

D'abord, on y trouve Dennis Kounadis, de la firme Kounadis Perreault. La Banque Stanford a ouvert quatre comptes à son nom, dont les montants totalisaient 215 988$US au 31 décembre 2008. Les comptes portent l'adresse du bureau de M. Kounadis, rue Léo-Pariseau à Montréal.

«C'est l'argent d'un client. Il m'a donné une procuration pour m'occuper de l'argent», nous a expliqué Me Kounadis.

Le cabinet Kounadis Perreault est spécialisé en droit commercial. Sa clientèle est composée de PME du secteur de la restauration, de l'immobilier, du commerce de détail et du prêt.



Îles Vierges britanniques


La liste de la Banque Stanford comprend également l'avocat Terry Didus, associé chez Heenan Blaikie. Me Didus est celui qui a coordonné l'ouverture du bureau montréalais de la Banque Stanford, en 2004. C'est Me Didus qui avait alors présenté Alain Lapointe pour gérer le bureau, avec qui il avait travaillé au Montréal Trust dans les années 90.

La liste comprend un compte de 52 963$US avec l'adresse personnelle de Me Didus. L'avocat est également le président et premier actionnaire de la société Trillium Financial, qui a des avoirs de quelque 146 000$US à la Stanford.

Le fondé de pouvoir de Trillium est le courtier en assurances Leslie MacHan, de Beaconsfield. L'entreprise a son siège social aux îles Vierges britanniques, un paradis fiscal. Terry Didus a fait savoir par personne interposée qu'il ne voulait pas commenter cette affaire. Leslie MacHan n'a pu être joint et sa fille n'a pas voulu donner de précisions.

Chez Heenan Blaikie, Me Didus concentre sa pratique sur le droit bancaire et le financement. Il a négocié de nombreux contrats sur le plan international, notamment pour le compte de BCE.

Congrégation du Saint-Esprit

La liste de la banque comprend également d'autres gens d'affaires québécois et des investisseurs issus de toutes les régions (Montréal, Québec, Sorel, Montmagny, etc.). Ailleurs au Canada, les investisseurs venaient essentiellement des régions de Toronto, Calgary et Vancouver.

Au Québec, on retrouve le fabricant de masques microbiens Noveko International, inscrit en Bourse, et la Fondation jeunesse In'afu, de la Congrégation du Saint-Esprit.

Les deux organisations ont investi après avoir été sollicitées par Alain Lapointe, le vice-président de la filiale bancaire à Montréal. André Héroux, président de Noveko, confirme le montant de quelque 10 254$US inscrit sur la liste obtenue par La Presse Affaires.

«Alain Lapointe est une connaissance de longue date, très crédible, qui nous avait approchés», explique-t-il.

André Héroux explique que Noveko ne cherchait aucunement à cacher cet argent au fisc: l'entreprise inscrite en Bourse a une obligation de transparence.

Quant à In'afu, le président Gaétan Renaud, un père missionnaire, dit avoir remis son chèque de placement à Alain Lapointe, il y a trois ou quatre ans. Alain Lapointe s'est ensuite chargé de transmettre le chèque et les documents d'ouverture de compte au siège social d'Antigua. Au 22 février, le placement de In'afu s'élevait à 96 922$US, avec un rendement de 6,5%.

«Il s'agissait d'un placement au capital garanti (...) Alain Lapointe est un gars parfaitement honnête, qui n'était au courant de rien. Le jour du dévoilement du scandale, il m'a appelé quasiment en pleurs», dit M. Renaud.

La Fondation In'afu finance essentiellement le Centre de Saint-Esprit de Montcalm, dans Lanaudière, qui reçoit des groupes de jeunes durant l'année scolaire. À titre de fondation, rappelons-le, In'afu n'a aucun impôt à payer.

Gaétan Renaud assure que cette mésaventure ne nuira pas à la viabilité de la fondation, puisque le placement ne constituait qu'une petite partie du patrimoine.

Illustration(s) :

Me Dennis Kounadis