Les firmes de courtage direct ne peuvent que se réjouir des dérangements de la météo. L'activité est si forte en ce moment que les courtiers en ligne se croiraient au coeur la saison des REER qui bat son plein au mois de février.

«On est en plein hiver présentement!» blague Richard Dussault, premier vice-président chez BMO Ligne d'action. Depuis le début de 2009, le nombre d'ouvertures de compte est en hausse de 118%.

Idem chez Disnat où les ouvertures de compte ont doublé par rapport à l'an dernier. En fait, l'industrie du courtage direct au Canada a accueilli un nombre record de nouveaux clients au premier trimestre de 2009.

Plus précisément, les courtiers directs ont ouvert 255 000 nouveaux comptes, au cours des trois premiers mois de 2009. Il s'agit d'une hausse de 120% par rapport au même trimestre en 2008. Avec cette poussée de croissance, le nombre total de compte de courtage direct été propulsé à plus de 3,5 millions au Canada, selon la firme de recherche Investor Economics.

L'effet CELI

Cette augmentation est attribuable en grande partie au lancement des CELI. Depuis le 1er janvier dernier, tous les adultes canadiens peuvent investir jusqu'à 5000$ par année dans le nouveau compte d'épargne libre d'impôt (CELI) qui leur permet de faire croître leurs épargnes à l'abri du fisc.

Plusieurs ont choisi d'ouvrir un CELI dans une firme de courtage direct, qui offre une large gamme de produits financiers, moyennant des frais de transaction réduits, aux investisseurs autonomes qui se débrouillent sans l'aide d'un courtier.

Chez BMO Ligne d'action, environ 35 000 clients ont ouvert un CELI, ce qui représente près de la moitié des ouvertures de compte depuis le début de l'année. La tendance ne se dément pas: encore en août, les CELI formaient environ 40% des ouvertures de compte.

«L'arrivée des comptes CELI a créé une activité spectaculaire, pour nous. Et ça ouvre la porte à une nouvelle clientèle», se réjouit M. Dussault. Il précise qu'environ 30% des investisseurs qui ont ouvert un CELI sont des nouveaux venus chez BMO Ligne d'action.

Le beau côté de la crise

Les firmes de courtage direct ont aussi enregistré une forte hausse du volume de transactions. Ici, c'est la crise financière qui leur a servi de catalyseur.

Par exemple, chez Banque Nationale courtage direct, le volume de transactions a bondi de 28% au premier semestre de 2009.

Chez BMO Ligne d'actions, le volume a grimpé de 29% depuis le début de l'année. Ce rythme de croissance est presque deux fois plus rapide que celui de l'année précédente: en 2008 le volume transactionnel avait grimpé de 16% par rapport à 2007.

Du côté de chez Disnat, on observe aussi une accélération de la croissance. «Le volume de transactions est en hausse de 40% en 2009, alors que la croissance était d'environ 30% les années précédentes», indique Frédéric Paquette, directeur général de la filiale de courtage direct de Valeurs mobilières Desjardins.

Si la crise financière a effrayé les investisseurs plus prudents, elle a eu l'effet contraire sur les investisseurs hyperactifs qui sont responsables d'une grande part des transactions chez les courtiers directs. La volatilité extrême à la Bourse a fouetté les spéculateurs. «Quand les marchés baissent de 30 ou 40%, il y a des gens qui voient une occasion d'investir», dit M. Paquette.

Mais il y a d'autres facteurs qui expliquent la croissance rapide des firmes de courtage direct, depuis plusieurs années.

D'abord, le prix des commissions a fondu de moitié en raison d'une guerre des prix. La transaction moyenne coûte désormais 20$ par rapport à 44$ il y a cinq ans. Cela a attiré de nouveaux clients. Ensuite, les Canadiens sont de plus en plus à l'aise sur le web, où la tarification est encore plus avantageuse (par exemple, aussi bas que 5$).

Enfin, l'émergence des fonds négociés en Bourse (FNB) a aussi stimulé la croissance des courtiers directs, selon une étude de J.D. Power and Associates, diffusée en juillet dernier.

Ces fonds se négocient comme des actions, mais ils reflètent la composition d'un indice boursier. Ils permettent aux investisseurs d'obtenir un portefeuille bien diversifié, sans avoir à payer des frais de gestion élevés, comme dans les fonds communs de placement.

Ces produits financiers moins gourmands ont tout pour plaire aux clients des firmes de courtage direct qui sont sensibles aux frais. Ainsi, sur le palmarès des 10 titres les plus échangés chez Banque Nationale courtage direct, on retrouve toujours au moins trois FNB de la famille iShares ou BetaPro.

 

LE COURTAGE DIRECT EN FORTE DEMANDE AU CANADA


1er trim. 2008 / 4e trim 2008 / 1er trim. 2009 / Croissance 1 an

Nombre de comptes: 3 177 000 / 3 364 000 / 3 538 000 / +11,4%

Ouverture de comptes: 116 000 / 148 000 / 255 000 / +120,5%

Source : Investor Economics