La banque suisse UBS, qui a subi des pertes astronomiques dans la crise financière, espère entamer sa guérison après l'accord extrajudiciaire aux États-Unis, mais l'établissement est loin d'être tiré d'affaire, estimaient jeudi les analystes.

«Une épée de Damoclès flotte toujours au dessus d'UBS», avertissent les experts de la Banque cantonale de Zurich (ZKB).

Car si Berne et Washington sont arrivés mercredi à un accord sur la première banque helvétique, qui règle dans l'immédiat le contentieux aux États-Unis, l'établissement n'est pas exempt de poursuites judiciaires.

«Quelques points importants sont toujours à éclaircir», estime Andreas Venditti de la ZKB.

Le numéro deux mondial de la gestion de fortune a échappé de justesse à un procès mais devra révéler les noms de 4450 titulaires de comptes de contribuables américains soupçonnés de fraude fiscale.

Si la Confédération ne parvenait pas à traiter dans le temps imparti les demandes de l'administration américaine, cette dernière pourrait reprendre la procédure civile, souligne M. Venditti. «Le fisc suisse se trouve sous forte pression», a-t-il ajouté.

«Que se passera-t-il dans les cas où [le fisc américain] lancerait une procédure judiciaire» contre des contribuables soupçonnés de fraude fiscale, renchérit Peter Thorne, de la banque Helvea.

Dans ce cas, l'établissement --qui a jusqu'à présent échappé à une nouvelle amende-- parviendra-t-il à éviter tout paiement supplémentaire? Et les clients dénoncés à l'IRS pourront-ils porter plainte contre UBS, s'interroge l'analyste, ajoutant que «cela pourrait devenir un processus compliqué».

Le désengagement «intégral» de Berne, qui détient une participation de 9% dans UBS depuis le plan de sauvetage d'octobre 2008, lance cependant des signaux positifs.

Les autorités suisses ont «chargé un consortium bancaire de placer les 332,2 millions d'actions UBS qui résultent de la conversion de l'emprunt à conversion obligatoire». La Confédération a également vendu les coupons de l'emprunt à conversion obligatoire à UBS pour 1,8 milliard de francs suisses.

En cédant le placement à 16,50 francs suisses par titre, Berne a empoché 7,3 milliards, après avoir injecté 6 milliards dans l'établissement, soit un bénéfice d'environ 1,2 milliard de francs suisses (1,2 milliard de dollars canadiens).

«La sortie (de la Confédération) est un signal positif, qui montre la confiance du gouvernement suisse» envers UBS, souligne Stefan Schürmann, de la banque Vontobel.

La veille, la Banque nationale suisse avait estimé que la vente de la participation de l'État démontrait «la confiance du marché dans la capacité de résistance d'UBS», tandis que le gendarme des marchés financiers Finma a indiqué que la banque disposait «aujourd'hui d'une base de capital stable et solide».

Pour UBS, qui a subi une nouvelle perte nette de 1,4 milliard de francs suisses au deuxième trimestre, la sortie des autorités suisses est une «confirmation des mesures prises jusqu'ici par la banque pour restaurer sa santé».

Mais le retour à la confiance risque d'être long. La banque, l'une des plus touchées en Europe par la crise des «subprime», a encore souffert de sorties nettes de capitaux de 39,5 milliards de francs suisses entre avril et juin.

À la Bourse suisse, les investisseurs ont positivement réagi à la vente du placement, le titre UBS progressant de 4,42% à 17,48 francs suisses, dans un marché en hausse de 1,12% à 10H34 HAE.