L'émetteur américain de cartes de crédit American Express (axp) a annoncé jeudi une division par près de deux de son bénéfice net, tombé à 337 millions de dollars au deuxième trimestre, sous l'effet d'une montée des retards de paiement de ses clients aux États-Unis.

AmEx, qui avait été bénéficiaire de 653 millions de dollars il y a un an, a enregistré une perte sur des activités dans les cartes de crédit aux États-Unis au cours des trois derniers mois, selon un communiqué du groupe.

Le groupe a dégagé un bénéfice net par action de 0,09 dollar, contre 0,56 dollar un an plus tôt. Ce résultat a été impacté par le remboursement à l'Etat des sommes prêtées au plus fort de la crise financière. En excluant ce facteur, AmEx a été bénéficiaire de 0,27 dollar, contre 0,26 attendus par le marché.

Le coût des licenciements annoncés au printemps par le groupe pour abaisser ses frais de fonctionnement (182 millions de dollars) a été compensé par la vente d'une participation dans la banque chinoise ICBC (211 millions).

Le groupe a souffert de la montée des incidents de paiements de ses clients, qui l'ont poussé à faire passer son taux de dépréciation de l'encours impayé après trente jours d'un peu plus de 5% il y a un an, à 8,5% au premier trimestre et à 10% au deuxième. Ce sont des niveaux «historiquement élevés», a commenté le PDG Kenneth Chenault, cité dans le communiqué du groupe.

American Express a ainsi consacré 1,5 milliard de dollars (+58%) ce  trimestre pour passer par pertes et profits ses encours douteux.

En conséquence, son activité dans les cartes de crédit --son métier de base-- a perdu 200 millions de dollars aux États-Unis, au lieu d'un bénéfice de 21 millions il y a un an. A l'étranger, la rentabilité de cette activité est tombée de 115 millions à 64 millions de dollars, a précisé le groupe.

Confronté à la parcimonie nouvelle des consommateurs américains, le groupe a vu son chiffre d'affaires reculer de 18%, à 6,1 milliards de dollars.

M. Chenault a noté que les consommateurs continuaient à utiliser leurs cartes de crédit presque comme à l'accoutumée, avec un recul limité à 3% du nombre de transactions, mais pour des montants bien moindres.

AmEx s'est donc concentré au cours du trimestre sur «ses trois priorités», a expliqué M. Chenault: «rester bien alimenté en liquidités, rester rentable et investir de manière sélective dans des secteurs clef».

Le groupe a massivement taillé dans ses frais de personnels, qui ont baissé de 8% et même de 19% en excluant le coût de la restructuration en cours. «Globalement, nous contrôlons nos dépenses très bien», s'est félicité le patron d'AmEx lors d'une conférence avec les analystes.

M. Chenault n'a pas donné de prévisions pour le reste de l'exercice mais il a noté que la baisse des dépenses effectuées avec des cartes AmEx s'était «légèrement modérée» en juin par rapport à ses niveaux du début du trimestre.

«Bien qu'il soit trop tôt pour évoquer une reprise économique, le nombre de clients en retards dans leurs paiements, l'ampleur des dépôts de bilan et le niveau des dépréciations sont meilleurs que ce que nous avions anticipé». Le taux de dépréciation pourrait ainsi être inférieur à 10% au 3e et 4e trimestre.

M. Chenault a précisé qu'il comptait utiliser les marges de manoeuvre nouvelles offertes par la stabilisation de l'économie et l'abaissement du point mort du groupe pour intensifier ses efforts promotionnels.

Vers 21H25 GMT, l'action American Express plongeait de 5,43%, à 27,85 dollars, dans les transactions électroniques suivant la clôture de Wall Street.