Malgré un sauvetage in extremis de 3 milliards US, le banquier du Canadien de Montréal et du Centre Bell n'écarte pas la possibilité de déclarer faillite. Un scénario qui ne compliquera pas et qui ne retardera pas la vente de l'équipe, assure la famille Molson.

«Ça ne change pas les horizons de la transaction», dit Luc Beauregard, porte-parole de la famille Molson, qui a conclu une entente de principe pour l'achat du Canadien de Montréal, du Centre Bell et du Groupe Spectacles Gillett. La transaction, dont la valeur est estimée entre 575 et 633 millions de dollars CAN selon nos sources, doit être officialisée au cours de l'été.

L'institution financière américaine CIT [[|ticker sym='cit'|]] , qui détient une hypothèque de 350 millions sur le Centre Bell et le Canadien de Montréal depuis 2006 selon nos sources, éprouve de graves problèmes de liquidités depuis plusieurs mois. Lundi, elle a obtenu 3 milliards US grâce à une émission d'obligations. Hier, le banquier du Canadien de Montréal a admis que ce financement ne sera peut-être pas suffisant et que l'entreprise pourrait être forcée de déclarer faillite prochainement.

L'institution financière, qui se spécialiste dans les prêts aux PME, aurait aimé être sauvée par le gouvernement fédéral, mais Washington a refusé.

La faillite de CIT n'aurait aucun impact immédiat sur les activités du Canadien de Montréal, selon un avocat montréalais spécialisé dans les questions de financement bancaire. «Comme l'argent a déjà été versé par CIT au Canadien, il n'y a pas de problème. Le Canadien est un débiteur de CIT, pas un créditeur. La seule différence en cas de faillite, c'est d'envoyer le chèque mensuel au syndic et non à CIT», dit cet avocat sous le couvert de l'anonymat.

La Royale

De toute façon, CIT pourrait bien en être à ses dernières semaines comme banquier du Canadien de Montréal. Plusieurs experts consultés par La Presse Affaires estiment que les frères Andrew, Geoff et Justin Molson et leurs partenaires (BCE, David Thompson et le Fonds de solidarité de la FTQ) emprunteront à des banques canadiennes. Le cas échéant, ils rembourseraient la balance du prêt de 350 millions octroyé par CIT à George Gillett en 2006.

«Habituellement, la banque qui finance les acheteurs rembourse l'ancien prêteur et fait elle-même le nouveau prêt. Les banques canadiennes ne sont pas habituées de faire des prêts dans le milieu du sport professionnel, mais on a vu dans ce dossier que le Canadien n'est pas une équipe de sport professionnel comme les autres. Une banque canadienne ne prêtera pas aux Padres de San Diego, mais au Canadien de Montréal oui», dit l'évaluateur financier Michael Rapkoch, président de Sports Value Consulting, une firme du Texas qui a notamment travaillé pour George Gillett lors de l'achat du Canadien en 2001.

Plusieurs banques canadiennes pourraient se partager le titre de banquier du Canadien en raison des sommes en jeu, mais la Banque Royale part favorite pour assurer le rôle du banquier principal en raison de ses liens avec la famille Molson, selon un avocat montréalais spécialisé dans les questions de financement bancaire. «La Banque Royale est réputée comme la banque des Molson. Avant la fusion avec Coors, Molson faisait la plupart de ses grosses transactions avec la Royale», dit-il sous le couvert de l'anonymat.

Le consortium dirigé par la famille Molson pourra aussi négocier un nouveau prêt avec CIT, qui a financé d'autres équipes de la LNH comme les Oilers d'Edmonton, les Devils du New Jersey, les Predators de Nashville et les Sénateurs d'Ottawa, selon le quotidien torontois The Globe and Mail.

Le directeur de la division du financement sportif de CIT, Gordon St-Denis, n'a pu répondre aux questions de La Presse Affaires hier. M. St-Denis est diplômé de l'Université Concordia et travaille au bureau new-yorkais de CIT.

Le titre du Groupe CIT a gagné 9,6% (12 cents) hier afin de clôturer la séance à 1,37$ à la Bourse de New York. Le titre avait clôturé à 41 cents jeudi dernier.