JPMorgan Chase (JPM) a une nouvelle fois fait la preuve qu'elle était la plus robuste des grandes banques américaines, mais ses excellents résultats trimestriels masquent une inquiétante poussée des ses provisions et une rentabilité nulle de ses activités grand public.

L'établissement new-yorkais, propulsé première banque américaine par la valeur boursière depuis le rachat l'an dernier de concurrents victimes de la crise, a fait état jeudi de résultats nettement supérieurs aux attentes. Sur la période mars-juin, son bénéfice net a grimpé à 2,7 milliards de dollars (+36%). Avant éléments exceptionnels, il représentait 28 cents par action, bien loin des 4 cents par action envisagés par le marché.

Ce résultat inclut une provision de 1,1 milliard (27 cents par action), dévoilée le mois dernier et résultant du remboursement de l'intégralité des 25 milliards de fonds fédéraux avancés par Washington à l'automne.

C'est la meilleure performance trimestrielle réalisée par JPMorgan depuis le quatrième trimestre 2007 (2,9 milliards de dollars), alors que la finance mondiale a subi dans l'intervalle une crise terrible. Elle a été réalisé en dépit d'un doublement sur un an des provisions pour créances douteuses, notamment dans la banque de détail et les cartes de crédit, à 9,7 milliards.

Si JPMorgan a ainsi pu améliorer fortement ses résultats, c'est grâce au bond de ses activités: son produit net bancaire s'est affiché au niveau «record» de 27,7 milliards de dollars, en hausse de 41% sur un an, contre 25,9 milliards prévus par les analystes.

JPMorgan a réalisé d'excellentes performances en banque d'investissement et dans le courtage, sur fond de rebond des marchés financiers. Dans ce secteur, JPMorgan a vu ses revenus grimper de 33%, à 7,30 milliards, et ses bénéfices pratiquement quadrupler, à 1,47 milliard.

La banque d'affaires et le courtage ont été «extrêmement favorisées par les nombreuses émissions obligataires et augmentations de capital des derniers mois, y compris des banques concurrentes», résume Gregori Volokhine, analyste chez Meeschaert New York.

M. Volokhine souligne que ces performances sont «aussi liées à la disparition des acteurs très importants (...) qu'étaient Bear Stearns et Lehman» Brothers. Cette moindre concurrence, a-t-il rappelé, a aussi profité à la banque d'affaires Goldman Sachs, qui a publié mardi un bénéfice largement supérieur aux attentes, de 3,44 milliards de dollars.

À l'inverse, la banque de détail a plombé JPMorgan.

La division affiche un bénéfice réduit à la portion congrue de 15 millions de dollars (-97% sur un an), sous l'effet de 3,6 milliards de provisions.

Quant aux cartes de crédit, elles affichent une perte de 672 millions, plombées par 4,6 milliards de provisions pour non remboursements.

Le marché faisait une lecture assez critique de ces résultats, se concentrant sur les performances de la banque de détail.

Selon Richard Bove (Rochdale Securities), influent analyste de Wall Street, les résultats sont «décevants» par rapport au premier trimestre et le montant des provisions pour créances douteuses inquiétant.

Les investisseurs étaient aussi préoccupés par certains commentaires de la direction.

Le PDG Jamie Dimon, s'il a affiché sa «confiance» sur la solidité du groupe, a indiqué en conférence téléphonique s'attendre à ce que «l'emploi se dégrade» encore aux États-Unis, ce qui devrait conduire à une nouvelle augmentation des défauts de remboursement.

Le coût des créances douteuses devrait «rester élevé dans un futur proche», a-t-il pronostiqué.

L'action JPMorgan perdait 1,35% à 35,77 dollars à New York vers 15H50 GMT.

«La banque de détail suit exactement l'état de l'économie et de la consommation. Il ne peut pas y avoir de miracle», nuance M. Volokhine, selon qui «le plus gros de la détérioration est passé».