La Banque centrale européenne (BCE) a décidé sans surprise jeudi de garder ses taux d'intérêt directeurs inchangés, sur fonds de craintes de déflation et d'économie à la peine en zone euro.

Le principal taux directeur, qui détermine les conditions du crédit pour les seize pays membres de la zone euro, reste donc à 1%, son plus bas niveau historique.

Le conseil des gouverneurs s'est réuni cette fois à Luxembourg. Deux fois par an, les gardiens de l'euro se retrouvent hors du siège de Francfort (ouest de l'Allemagne).

Le président de la BCE Jean-Claude Trichet tiendra une conférence de presse vers 12H30 GMT. Les économistes en attendent peu de choses.

«Nous nous attendons à ce que Trichet ne s'engage absolument sur rien lors de la conférence de presse», indique ainsi l'économiste de Goldman Sachs, Erik Nielsen.

Le Français devrait redire que le niveau des taux est approprié pour le moment sans exclure formellement qu'il puisse descendre plus bas.

Ses commentaires sur d'éventuelles menaces de déflation seront toutefois écoutés attentivement.

Les craintes d'une baisse généralisée et durable des prix paralysante pour l'économie ont ressurgi après l'annonce mardi d'une baisse de 0,1% sur un an des prix à la consommation au mois de juin, une première en zone euro.

Même si ce phénomène est lié essentiellement à un effet de base après la flambée des prix du pétrole en 2008, certains experts redoutent que la période de baisse des prix se prolonge au delà de l'été, contrairement aux pronostics de la BCE.

Par ailleurs, les perspectives de reprise économique dans la zone euro euro, en pleine récession, restent nébuleuses. Les indicateurs de confiance semblent indiquer une stabilisation de la conjoncture, mais les incertitudes demeurent alors que le chômage augmente et les conditions du crédit se dégradent.

Après avoir fortement abaissé les conditions du crédit depuis octobre -quand le taux plafonnait encore à 4,25% - la BCE va sans doute s'engager dans une longue période de statu quo monétaire, pour se donner le temps de voir si ses mesures pour stimuler l'économie fonctionnent, estime la plupart des experts.

«Après la baisse de taux en mai et les mesures non conventionnelles en juin, le jeu du +wait and see+ a commencé», résume Carsten Brzeski de la banque ING.

La majorité des économistes misent sur des taux inchangés jusqu'au quatrième trimestre 2010.

Une minorité n'exclut pas que l'institution puisse diminuer encore son principal taux si la conjoncture venait à se détériorer subitement, et se rapprocher ainsi de la politique monétaire de taux zéro pratiquée par ses homologues américaine et britannique.

La banque centrale suédoise, la Riksbank, est quant à elle descendue plus bas, abaissant jeudi son principal taux directeur à 0,25%.

Depuis le début de la crise financière à l'été 2007, la BCE abreuve les banques de liquidités bon marché pour les encourager à se prêter entre elles et continuer à alimenter entreprises et particuliers en crédit.

Elle a renforcé son dispositif après la faillite de la banque d'affaires américaine Lehman Brothers en septembre 2008 et le cataclysme financier qui a suivi. La semaine dernière, elle a injecté plus de 442 milliards d'euros sur le circuit bancaire lors de sa première opération de refinancement sur un an, l'une de ses mesures les plus spectaculaires pour relancer le crédit.

Elle va aussi lancer un programme d'achat d'obligations sécurisées pour un montant de 60 milliards d'euros.