Le président américain Barack Obama se préparerait à annoncer mercredi une réforme de la régulation financière renforçant notamment les pouvoirs de la Réserve fédérale sur les grandes institutions, ont expliqué dans la presse deux haut-responsables américains.

«Rassurer le peuple américain sur le fait que le système financier sera mieux contrôlé est essentiel pour notre reprise économique», ont affirmé le secrétaire au Trésor Timothy Geithner et le conseiller économique à la Maison Blanche Lawrence Summers dans un éditorial publié lundi par le Washington Post.

Ce plan en cinq points prévoit la création d'un régime de régulation «plus stable, à la fois flexible et efficace» tout en protégeant le système financier «contre ses propres excès», soulignent ces deux responsables.

Le plan touchera notamment les agences de notation. Ce plan va «réduire la dépendance des investisseurs et des régulateurs aux agences de notation», écrivent les deux hommes.

MM. Geithner et Summers ne donnent pas de précisions sur la façon dont le gouvernement compte agir vis-à-vis des agences de notations, qui ont été fortement critiquées pour ne pas avoir vu venir la crise des crédits immobiliers à risque américains de l'été 2007, à l'origine de la crise mondiale actuelle.

Les grandes lignes de la réforme, dont M. Geithner avait donné un avant-goût fin mars, doivent être annoncées mercredi par le président américain Barack Obama.

Le secrétaire au Trésor et le conseiller économique du président écrivent dans le quotidien de la capitale que le gouvernement va «relever les normes de capital et de liquidité de toutes les institutions financières, avec des obligations encore plus rigoureuses pour les sociétés les plus grosses et les plus interconnectées».

«De plus, toutes les grandes sociétés aux connexions multiples dont la faillite pourrait menacer la stabilité du système financier et économique tout entier seront soumises à une supervision accrue de la Réserve fédérale» (Fed), la banque centrale du pays, indiquent-ils.

Le gouvernement compte par ailleurs encadrer de plus près les activités de titrisation, dont le développement rapide au cours des 10 dernières années a contribué à la crise actuelle en disséminant dans l'ensemble du système financier des risques pris au départ par un nombre plus réduit d'agents économiques.

La réforme «imposera aux émetteurs de titres adossés à des actifs des normes fortes» en matière d'obligation de rapporter sur leurs activités, écrivent MM. Geithner et Summers.

Comme déjà annoncé en mai, la réforme portera également sur la régulation de «tous les produits dérivés», dont une bonne part échappe pour l'instant à la surveillance de la puissance publique.

MM. Summers et Geithner redisent aussi que le gouvernement compte créer une autorité chargée de gérer et démanteler les plus grandes organisations financières qui viendraient à faire faillite, quel que soit leur statut (banque, fonds d'investissement, compagnie d'assurance...)

Pour l'heure, ce pouvoir n'existe que pour les banques et revient à la FDIC, l'organisme fédéral d'assurance des dépôts bancaires.

La réforme s'efforcera par ailleurs de protéger davantage les consommateurs et les investisseurs, rappellent MM. Geithner et Summers.

D'une manière générale, disent-ils, le but est de «poser les fondations pour un système financier plus fort et plus sûr», après des années d'excès incontrôlés et de dérégulation.

L'un des conseillers économiques de M. Obama, Austan Goolsbee, a indiqué sur Bloomberg TV que le gouvernement souhaitait voir le Congrès adopter cette réforme avant la fin de l'année.