Le bureau torontois de Valeurs mobilières Desjardins (VMD) perd son principal tandem de stratèges de marché et d'analystes quantitatifs au profit d'un gros concurrent, la filiale boursière de la Banque CIBC.

N'empêche. À la direction de VMD, on affirme que ce départ soudain de Peter Gibson et Jeff Evans, renommés à Bay Street, ne constitue pas un recul pour les ambitions de la filiale de Desjardins dans le milieu boursier de Toronto.

«Peter Gibson et Jeff Evans ont un champ d'activité très spécialisé - l'analyse des marchés et des portefeuilles avec des modèles mathématiques - sans lequel nous pouvons très bien fonctionner. Leur apport à VMD depuis cinq ans a été important, mais ce type d'analyse quantitative cadre moins parmi nos priorités», a indiqué Sylvain Perreault, premier vice-président à l'administration chez VMD.

Explication fiable ou message d'entreprise? Toujours est-il que le départ soudain de MM. Gibson et Evans porte à une demi-douzaine le nombre d'analystes qui ont quitté VMD depuis un an.

Aussi, Peter Gibson et Jeff Evans quittent le bureau cinq ans après avoir été embauchés avec éclat à Toronto par VMD, en remplacement d'un stratège qui, lui, était établi à Montréal.

Par ailleurs, le départ soudain du tandem Gibson-Evans survient alors que la filiale boursière de Desjardins tente encore de redresser des résultats d'exploitation jugés décevants, parmi les autres instances du géant financier coopératif.

Selon les plus récents résultats trimestriels, les activités de Desjardins en commerce de valeurs mobilières et en gestion d'actifs financiers ont dégagé un profit de 3 millions de dollars durant le premier trimestre de 2008.

Certes, c'était bien mieux que la perte trimestrielle de 4 millions subie un an plus tôt. Mais encore insuffisant pour rattraper la perte nette de 29 millions au cours de l'exercice 2008, comparativement au profit de 17 millions un an plus tôt.

Selon Sylvain Perreault, malgré ces départs d'analystes, VMD demeure en bonne posture pour se faire une place sur l'échiquier boursier au Canada.

«Ces départs ne nous ont pas pris de court. Mais avec l'état des marchés jusqu'à récemment, c'est évident que nous avons dû rajuster nos flûtes, a-t-il indiqué à La Presse Affaires. Depuis quelques semaines, ça va beaucoup mieux dans le milieu boursier. Aussi, la mouvance de personnel a fortement repris entre les firmes boursières. En particulier à Toronto plutôt qu'à Montréal, où le milieu boursier se limite à quelques firmes.»

D'ailleurs, en quittant Desjardins, Peter Gibson et Jeff Evans se joignent à Marchés mondiaux CIBC, qui est en renaissance à Bay Street après des années difficiles.

Depuis trois mois, la filiale boursière de la Banque CIBC s'est même hissée au premier rang des principaux courtiers à la Bourse de Toronto, selon le volume de titres négociés.

Elle a devancé la tenancière de longue date de ce titre, Valeurs mobilières TD, filiale boursière de la Banque Toronto-Dominion.

Aussi, Marchés mondiaux CIBC a plus que doublé sa part de marché depuis un an à la Bourse de Toronto, toujours selon le volume de titres.

Cette part de marché cotait à 19% en avril dernier, comparativement à 7,5% environ il y a un an, durant les premiers mois de 2008.