Les autorités suisses ont lancé mercredi une procédure consultative pour réguler les salaires et bonus dans le secteur financier, afin d'éviter à l'avenir une prise de risque inutile et interdire le versement de rétribution en cas de perte.

La circulaire, qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2010, doit «éviter que les systèmes de rémunération n'incitent à prendre des risques inappropriés pouvant mettre en danger la stabilité des établissements», selon un communiqué de l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers (Finma).

«Les rémunérations variables («bonus») devront être calculées à long terme et durablement en fonction du gain économique», a précisé le gendarme de la place financière helvétique.

La circulaire sera non seulement applicable aux cadres et dirigeants, mais «globalement et de manière générale à tous les établissements financiers».

Elle concernera les rémunérations des salariés dans leur ensemble, a précisé un porte-parole de la Finma.

Mais les bonus, dont les versements avaient suscité la critique alors que certains établissements avaient été secourus par les gouvernements, seront particulièrement contrôlés.

«Le versement de rémunérations variables n'est pas indiqué lorsque l'entreprise ne connaît pas le succès économique», a ainsi prévenu la Finma, ajoutant que la politique des bonus ne devait plus être tournée «vers le court terme».

«En cas de mauvaise marche des affaires, les rémunérations variables devraient être versées majoritairement sous une forme différée» et «le collaborateur ne participe dès lors aux plus-values qu'en cas d'amélioration de la situation économique», a souligné le communiqué.

«Il ne s'agit pas de sur-réguler» la place financière suisse, a précisé le porte-parole, ajoutant que cela laissait «suffisamment de marge de manoeuvre» pour préserver la compétitivité de la Suisse.

La première banque de la Confédération, UBS, avait suscité à plusieurs reprises la polémique, alors même que le groupe avait annoncé en avril une réduction de 8700 postes pour faire face à une perte de 20,9 milliards de francs suisses en 2008.

La banque zurichoise avait procédé à «des hausses exceptionnelles de salaires», estimées à 50% par les médias, pour éviter la fuite de ses éléments les plus compétents.

«Des exceptions doivent être possibles, notamment pour maintenir la compétitivité» des établissements, a indiqué le porte-parole, alors que cette hausse avait été qualifiée de «provocation» par l'Association suisse des employés de banque (Aseb).

UBS, qui devra respecter ces normes dès cette année, avait décidé de verser des bonus à hauteur de 2,2 milliards de francs suisses à ses salariés, une réduction de 80% par rapport à l'année précédente.