Une semaine après la publication des résultats des «tests de résistance» gouvernementaux, les grandes banques américaines ont fait une bonne partie du chemin réclamé par le régulateur, en profitant de la bonne tenue de Wall Street pour lever des capitaux sur le marché.

La plupart des 19 établissements ayant subi ces tests destinés à évaluer leur solidité financière ont annoncé augmentations de capital et émissions obligataires, pour un montant cumulé qui dépasse les 30 milliards de dollars.

Dix des banques examinées s'étaient vu enjoindre de renforcer leurs fonds propres pour un montant cumulé de 74,6 milliards de dollars. Seuls à ce jour, le groupe de crédit automobile GMAC et la banque régionale Fifth Third n'ont pas encore expliqué comment ils entendaient faire pour répondre au régulateur.

Dernière en date, la banque SunTrust Banks a annoncé vendredi son intention de lever 1,25 milliard de dollars en bourse, de vendre pour 300 millions d'actifs (ou plus) et de diviser par dix son dividende afin de pouvoir rassembler d'ici novembre les 2,2 milliards réclamés par l'Etat.

Neuf établissements examinés avaient été jugés sains par les pouvoirs publics mais eux aussi ont profité de la bonne conjoncture boursière pour lever les fonds nécessaires au remboursement des aides publiques reçues.

«Les marchés s'étant repris depuis plusieurs semaines grâce aux valeurs financières, avec le cours de certaines d'entre elles multiplié par deux, trois, voire quatre», les banques «ont profité de cette fenêtre de tir pour lever des fonds», a relevé Gregori Volokhine de Meeschaert New York.

Les plus grosses opérations annoncées ont été celles effectuées par Morgan Stanley (8 milliards de dollars) et Wells Fargo (7,5 milliards).

Bank of America a vendu une partie de ses actions de la banque chinoise CCB pour 7,3 milliards de dollars et a levé 3 milliards de dollars sur le marché obligataire. La première banque américaine, la plus sévèrement épinglée par les «test de résistance», a ainsi déjà récolté près du tiers des 34 milliards de recapitalisation jugés nécessaires par les pouvoirs publics.

Les tests, jugés peu exigeants par de nombreux observateurs, «ont déclenché un nouveau cycle de confiance dans le secteur», décrypte Nancy Miller, analyste indépendante qui publie pour le site financier TheBigMoney.

«La seule chose que ces tests démontre», poursuit-elle, c'est que «le marché était avide d'un message simple des régulateurs sur la question: le système bancaire va-t-il bien?». La réponse apportée par le résultat des tests «a la clarté d'une ampoule de 400 watts», ironise-t-elle.

«Dix établissements doivent lever la simple somme de 75 milliards de dollars» pour se recapitaliser. «Qu'est ce que cela représente par rapport à un sauvetage du secteur de plus de 1.000 milliards de dollars?».

Pour elle, «si les régulateurs avaient été plus sévères, ils auraient sans doute exacerbé la crise du crédit».

M. Volokhine note pour sa part «le cercle vertueux» déclenché par la multiplication des mesures de soutien gouvernementales, ayant permis aux banques de dégager «de très bons résultats financiers au premier trimestre». S'ajoutent les tests «qui ont montré des besoins de recapitalisation en dessous de ce qu'on pouvait imaginer et qui n'ont rien de dramatique».

Autre conséquence de ce cercle vertueux: la multiplication des appels au marché va remplir les coffres des banques d'affaires qui prélèvent généralement entre 1% et 2% des montants levés en commissions.