Le désastre des papiers commerciaux a été un terrible coup du sort, a fait valoir Alban D'Amours, jeudi, refusant de porter le blâme pour la mauvaise performance de la Caisse de dépôt et placement du Québec en 2008.

La chute du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) en 2007 et la dégringolade qui a suivi l'année suivante sont en quelque sorte un «Act of God», selon l'ancien président du comité de gestion des risques de la Caisse de dépôt.

«Vous pouvez le définir ainsi», a dit M. D'Amours, à l'issue de son témoignage devant la commission parlementaire spéciale qui se penche sur les pertes historiques de près de 40 milliards $ affichées par le «bas de laine» des Québécois l'an dernier.

Devant les membres de la commission, l'ex-dirigeant du Mouvement Desjardins a longuement défendu le travail du comité de gestion des risques qu'il a présidé jusqu'en mars dernier.

Le comité n'a jamais hésité à «poser toutes les questions à la direction, sans gêne», a soutenu M. D'Amours.

«Et je n'ai pas vu au comité des risques quelqu'un s'excuser de poser des questions, c'est plutôt le contraire. Nos questions parfois étaient peut-être embarrassantes, mais on avait les réponses qui nous ont satisfaits», a-t-il déclaré.

Certes, la Caisse a commis «une erreur» en accumulant autant de PCAA, mais elle ne pouvait pas savoir qu'elle faisait fausse route avant la dislocation imprévisible de ce marché en août 2007, a poursuivi l'ancien membre du conseil d'administration de l'institution.

Devant les journalistes, M. D'Amours a dit «regretter» de ne pas avoir eu «l'intuition» de demander des mesures pour prévenir la débandade, mais du même souffle, il a refusé d'en assumer l'odieux.

«Moi, je peux exprimer ce regret, mais je ne mettrai pas sur mes épaules le fait que la planète entière n'a pas trouvé la réponse et que j'aurais dû la trouver ou que le comité des risques de la Caisse aurait dû la trouver», a-t-il laissé tomber.

Du reste, les cotisants, comme l'ensemble de la population, doivent comprendre que la Caisse de dépôt, ses gestionnaires et ses administrateurs n'ont pas péché par excès de risques mais ont plutôt été victimes de circonstances mondiales funestes.

«Je vous ai dit que c'était un problème planétaire. Voulez-vous, s'il-vous-plaît, comprendre?», s'est impatienté M. D'Amours, en point de presse.

Après avoir entendu le patron de la Régie des rentes du Québec (RRQ), André Trudeau, la commission parlementaire spéciale a ajourné ses travaux.

Elle se réunira de nouveau mardi prochain avec comme témoin-vedette l'ancien président et chef de la direction de la Caisse, Henri-Paul Rousseau.

M. Rousseau devra en outre expliquer la raison pour laquelle la Caisse a continué d'acquérir des titres contaminés de PCAA à l'été 2007, en dépit des nombreux signaux d'alarme.

Au moment de l'implosion de ce marché, à la mi-août 2007, l'institution détenait pour 13 milliards $ de PCAA.