Le Mouvement Desjardins entreprend une importante réorganisation de sa structure de décision, a appris La Presse Affaires. Cette restructuration sera annoncée aujourd'hui aux quelque 7000 employés de la Fédération des caisses Desjardins.

Hier, la présidente du Mouvement, Monique Leroux, a convoqué ses employés à diverses téléconférences, qui se dérouleront aujourd'hui en après-midi. Les cadres supérieurs et gestionnaires seront les premiers avisés des changements, suivis des autres employés. La convocation a été transmise sur les sites intranet de l'institution.

Depuis un certain temps, des rumeurs courent chez Desjardins selon lesquelles l'organisation cherche à améliorer son efficacité. La nature exacte des changements et le nombre d'employés touchés ne sont pas encore connus.

Toutefois, selon nos renseignements, Monique Leroux cherche à aplanir la structure décisionnelle de la Fédération, jugée lourde et coûteuse. Des postes seront éliminés parmi la quarantaine de vice-présidents. Certains prendront leur retraite, d'autres pourraient être réaffectés dans des secteurs plus porteurs ou licenciés.

Les changements ont été approuvés mardi par le conseil d'administration de l'institution, nous indique-t-on. Le public et les clients seront mis au courant des changements demain, en même temps que la publication des résultats trimestriels.

Le Mouvement Desjardins compte quelque 42 000 employés, incluant les 7000 de la Fédération. La réorganisation ne touchera pas directement les caisses, selon nos informations.

Dans un premier temps, elle vise la structure de direction de la Fédération, mais il n'est pas impossible qu'on veuille aussi remanier les niveaux inférieurs de décision, dans un deuxième temps.

À l'interne, les employés sont sur le qui-vive. «Beaucoup d'employés sont inquiets, notamment dans les filiales à caractère financier, comme Desjardins Gestion d'actifs et Valeurs mobilières Desjardins, ou les résultats ont été mauvais au cours de la dernière année», nous dit un cadre de Desjardins.

Le porte-parole du Mouvement, André Chapleau, a été très peu loquace. Il réfère au «plan d'évolution» de l'institution et aux cinq chantiers dont Monique Leroux avait fait part à la dernière assemblée annuelle, à la fin de mars.

«Le plan d'évolution, c'est beaucoup plus qu'une structure. C'est un grand projet chez Desjardins et on souhaite se développer davantage grâce à ce plan», a dit M. Chapleau.

L'allocution de Monique Leroux était tout de même éloquente quant aux besoins d'allégement de Desjardins. Dans quatre des cinq chantiers proposés, on retrouve des termes comme «accroître la productivité», «simplifier l'organisation» ou «optimisation de la performance».

Parmi les renseignements obtenus par La Presse Affaires, il n'a jamais été question de licenciements massifs. André Chapleau fait d'ailleurs valoir que les rationalisations n'ont jamais fait partie de la culture de l'institution.

«Chez Desjardins, l'objectif n'a jamais été de couper pour couper, mais d'avoir une organisation en ligne avec son temps dans le respect de ses employés», dit-il.

Entre 1999 et 2001, par exemple, Desjardins avait fusionné les 10 fédérations avec la confédération, ce qui avait mené le Mouvement à éliminer 900 postes. «Mais en fin de compte, il y a eu très peu de mises à pied. Il y a surtout eu des déplacements vers d'autres postes à combler et des mises à la retraite», dit M. Chapleau.

À l'époque, certains observateurs avaient critiqué la lenteur du processus de fusion. D'autres estimaient que l'ex-PDG, Alban D'Amours, avait recréé une structure comportant trop de niveaux hiérarchiques.

L'organigramme de l'institution, dans le rapport annuel 2008, donne une idée des chevauchements possibles. Parmi les filiales ou divisions, on retrouve Capital Desjardins, Desjardins capital de risque, Fonds de sécurité Desjardins, Desjardins sécurité financière, Desjardins gestion d'actifs, Gestion Valeurs mobilières Desjardins, notamment.

Quoi qu'il en soit, l'annonce d'aujourd'hui risque de passer comme un des faits marquants de la nouvelle présidente.