Crise financière oblige, le courtier en valeurs mobilières du Mouvement Desjardins vient de serrer la vis à ses clients qui investissent sur marge.

Les clients du courtier à escompte Disnat ont reçu un communiqué de l'institution les avisant de ses nouvelles exigences à partir du 1er mai. Le communiqué concerne les investissements sur marge réalisés grâce aux titres obligataires détenus par les clients.

L'investissement sur marge, faut-il le dire, est réservé aux investisseurs sophistiqués. Ces derniers tirent profit de la valeur de leurs portefeuilles d'actions et d'obligations pour emprunter et réinvestir dans le marché. Les règles de l'industrie fixent un niveau maximum d'emprunt.

Avant le 1er mai, ces clients de Disnat pouvaient emprunter jusqu'à 90% de la valeur de leurs obligations pour investir sur marge. Depuis, Desjardins a réduit à 50% «la marge accordée sur les obligations et débentures de sociétés, à l'exception des banques canadiennes», est-il écrit dans l'avis.

L'investisseur Marc Tremblay, client de Disnat, trouve la réduction plutôt radicale. «Ce fut fait sans préavis. Imaginez si j'avais eu 70% de marge. Il aurait fallu que je trouve des fonds pour réduire la marge à 50%. Ça peut être traumatisant pour un investisseur», dit M. Tremblay, qui n'est cependant pas touché par une telle mesure.

»Plus conservateurs»

Chez Desjardins, on nous explique que ce resserrement découle de nouveaux calculs de volatilité des titres obligataires d'entreprise. «Nous sommes plus conservateurs. Nous voulons bien gérer le risque. On ne peut nous reprocher d'appliquer des mesures de saine gestion», explique Sylvain Perreault, premier vice-président et chef de l'administration de Valeurs mobilières Desjardins.

Qui plus est, dit M. Perreault, un seul client est touché par ce changement de politique.

Ce resserrement n'est toutefois pas la norme ailleurs. À la Banque Royale, par exemple, le porte-parole, Raymond Chouinard, nous indique que rien n'a changé dans les critères d'opérations sur marge de la filiale de courtage.

Même discours à la Banque Nationale. «Il peut y avoir du cas par cas, mais sinon, nous n'avons eu aucun resserrement de nos critères à la Financière Banque Nationale», dit le porte-parole, Denis Dubé.

L'investisseur Marc Tremblay s'interroge par ailleurs sur la définition d'une «obligation de banque canadienne» dans l'avis de Desjardins. Des firmes comme ING sont-elles considérées comme une banque canadienne. Et Manuvie?

Autre particularité: les prêts sur marge sont accordés jusqu'à 70% pour les actions de plus de 5$ pouvant faire l'objet de transactions sur options. Est-ce à dire que Desjardins considère désormais les obligations plus risquées que les actions?

À ce sujet, le premier vice-président Sylvain Perreault explique cette différence par le fait que les obligations et débentures d'entreprises sont souvent négociées de gré à gré et donc moins liquides. Quant à la différence entre le bancaire et le non bancaire, il convient que l'avis aux clients n'est pas assez précis; des correctifs seront apportés prochainement.

Année difficile

Rappelons que Valeurs mobilières Desjardins a connu une année difficile en 2008, perdant 23,4 millions de dollars. Environ la moitié de cette perte s'explique par une gaffe de l'institution pour un seul client. Plus précisément, Disnat a accordé un prêt sur marge de 70 millions à un nouveau client prestigieux, l'été dernier, mais a constaté par la suite que les garanties sur le prêt étaient trop peu liquides et trop concentrées.

Sylvain Perreault soutient que le resserrement des critères du 1er mai n'a rien à voir avec cette histoire ou avec les résultats de VMD.