Le président Barack Obama s'associait jeudi aux consommateurs en colère pour dire aux grandes sociétés de cartes de crédit de cesser les pratiques qui étranglent tant d'Américains frappés par la crise, dans une société où le crédit est roi.

   M. Obama recevait dans l'après-midi à la Maison-Blanche les représentants d'American Express, Visa, MasterCard, Bank of America, au total une douzaine de banques et institutions émettrices de cartes de crédit, pour exprimer la rogne des Américains confrontés à l'augmentation, outrancière selon eux, des pénalités et des taux d'intérêt sur leurs factures.

   M. Obama qui, depuis son investiture en janvier, a beaucoup vitupéré au nom des Américains contre l'appât du gain de Wall Street, devait ainsi se mêler à un effort inédit depuis longtemps pour réécrire les règles de conduite des sociétés de crédit, qui se heurte cependant à la résistance des sociétés en question.

   Une autre illustration de cette entreprise de réforme des moeurs est venue mercredi du parlement, où un texte de loi contre les hausses arbitraires des taux d'intérêt et les pénalités excessives a été adopté en commission à la Chambre des représentants. Le texte pourrait aller devant la Chambre au complet la semaine prochaine. Un autre devrait être débattu au Sénat. Son sort est plus incertain, et il faudra aux deux chambres s'entendre sur une législation commune.

   Mais, à un moment où la coopération ne semble pas vraiment de mise entre les alliés démocrates de M. Obama et ses adversaires républicains, le fait que neuf républicains aient voté pour le texte mercredi montre l'étendue du ressentiment contre American Express et les autres.

   Avec la crise et la suppression de plus de cinq millions d'emplois depuis le début de la récession en décembre 2007, un nombre record d'Américains sont en retard sur le paiement de leurs factures de carte de crédit, voire tout bonnement incapables de les payer. Pour se protéger, les organismes augmentent les taux d'intérêt jusqu'à près de 30% et coupent les lignes de crédit.

   Les organisations de consommateurs s'indignent aussi d'une réécriture permanente de règles que les clients ne lisent pas de toute façon. Elles s'émeuvent du fait que certaines banques punissant leurs clients en défaut de paiement soient celles-là même qui bénéficient de l'aide de l'Etat fédéral, et donc du contribuable américain, pour sortir de la crise financière.

   Larry Summers, le conseiller économique avec lequel M. Obama devait recevoir les dirigeants des sociétés de cartes de crédit jeudi, s'en prenait à elles le week-end dernier en dénonçant «la façon dont on a trompé les gens en leur faisant payer des taux d'intérêt extraordinairement élevés qu'ils n'auraient pas payés s'ils avaient su dans quoi ils s'engageaient».

   M. Obama s'est prononcé pour une «charte des droits» du détenteur de carte bancaire pendant sa campagne présidentielle. Son engagement personnel dans cette affaire participe d'un effort plus large entrepris depuis son investiture pour réformer le système financier.

   Mais les sociétés de cartes de crédit font de la résistance. Elles disent que si elles augmentent leurs taux, c'est à cause du risque accru qu'il y a à avancer de l'argent en période de crise. Elles font valoir que si elles ne peuvent pas faire payer les consommateurs à risque, elles devront faire payer tout le monde.

   Au moment où M. Obama essaie de relancer la consommation, elles mettent en garde contre toute initiative qui limiterait l'activité de crédit.