Les investisseurs canadiens ont englouti 308,3 millions US dans la Stanford Bank International, des investissements qu'ils risquent de ne plus revoir.

C'est ce qui ressort du rapport de l'équipe de séquestres d'Antigua, dans les Antilles, nommée pour gérer la Banque. La Presse Affaires a mis la main sur le rapport du tandem Nigel Hamilton-Smith et Peter Wastell à la Cour supérieure, à Montréal. Le rapport de ces deux membres de la firme Vantis a été déposé au début avril dans le cadre d'une requête visant à prendre le contrôle des avoirs canadiens de la banque, requête qui a été accordée.

 

Le 16 février, la Securities& Exchange Commission (SEC) des États-Unis a fait geler les actifs de la Stanford International Bank et de ses affiliés, accusant l'organisation et ses dirigeants Robert Allan Stanford, James M. Davis et Laura Pendergest-Holt de fraude massive. La banque a vendu des certificats de dépôt en promettant des rendements irréalistes, selon la SEC.

La banque avait un bureau de représentation de cinq employés à Montréal, rue McGill College, bureau qui a été fermé et dont le loyer était de 17 629$ par mois.

Selon le rapport, 224 Canadiens ont investi l'équivalent de 308,3 millions US dans la banque. L'investissement moyen par investisseur est de 1,37 million US.

L'équipe de Vantis a identifié certains actifs de la banque, notamment dans sept institutions financières, dont la Banque TD. Cette banque de Toronto a confirmé aux séquestres les numéros de compte et les sommes déposées. Elle détient notamment l'équivalent de 18,9 millions US, 1,8 million en argent canadien et 881 000 euros. La firme de courtage TD Waterhouse a pour sa part 198 537$US. Les six autres institutions détiennent 27,7 millions US, selon le rapport.

L'équipe de Vantis conclut que la banque est insolvable et qu'elle doit être liquidée. L'institution, est-il écrit dans le rapport, ne détient pas des actifs qui sont proches des sommes dues aux investisseurs, estimées à 7,2 milliards US.

Fait à noter, le séquestre d'Antigua n'a pas accès à nombre de renseignements financiers détenus par le séquestre américain nommé en parallèle dans cette affaire. Le siège social de Stanford est à Antigua, mais des activités importantes du groupe se déroulaient à Houston, au Texas.

En mars, le séquestre américain écrivait dans un communiqué que la situation financière des entités de Stanford «peut seulement être décrite comme terrible» et que les investisseurs ne récupéreront qu'une fraction de leurs réclamations.

412 investisseurs d'Haïti

D'autre part, les 27 992 clients de Stanford viennent de 113 différents pays, mais les États-Unis, le Mexique et le Venezuela regroupent à eux seuls les deux tiers des clients et 56% des dépôts. Haïti, pourtant très pauvre, figure parmi les 10 principaux pays. Quelque 412 résidants d'Haïti ont donc investi dans la banque Stanford une somme de 219,7 millions, soit quelque 533 000$ par investisseur.

Par ailleurs, les pièces déposées à la Cour supérieure, à Montréal, comprennent une requête en recours collectif intenté en Alberta au nom des Canadiens floués.

La requête a toutefois été annulée, nous indique Jim Patterson, avocat du cabinet Bennett Jones, de Toronto. Une nouvelle requête sera déposée cette semaine. Les Canadiens qui ont investi dans Stanford viennent de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec.

Joint au téléphone, l'ex-directeur du bureau de Montréal, Alain Lapointe, affirme que les chiffres du rapport ne lui disent rien. «C'est très très loin du volume d'affaires dont on a eu connaissance à Montréal. Je n'aurais jamais pensé que ça puisse être autant (308 millions)», dit M. Lapointe, selon qui les Canadiens ont pu investir directement dans la banque à Antigua sans contacter le bureau de Montréal.