Après des mois de nouvelles économiques désastreuses, les Américains en ont finalement eu ras le bol. Une centaine de manifestations sont prévues aujourd'hui dans 30 États américains. Les cibles de ce soulèvement populaire les bureaux d'AIG, Bank of America, et Citigroup, les géants financiers maintenus en vie grâce aux fonds publics.

Depuis lundi, des gardes armés sont postés à l'entrée du siège social d'AIG, au Connecticut. Des employés ont rapporté avoir reçu des menaces de mort, et des milliers de lettres, de courriels, et d'appels téléphoniques de citoyens en colère ont été envoyés. Certains employés sont carrément restés chez eux cette semaine.

«Il y a une vague de rage qui balaie l'Amérique actuellement», a dit le représentant démocrate de New York, Gary Ackerman.

Ce sont les primes qui ont mis le feu aux poudres. 165 millions remis il y a quelques jours aux dirigeants d'AIG, ceux-là même qui ont saccagé les finances et la réputation de l'assureur et forcé les contribuables à payer des dizaines de milliards pour le maintenir en vie.

Soixante-treize hauts placés d'AIG ont touché des primes supérieures à plus d'un million de dollars vendredi dernier.

La rage populaire a atteint son point culminant, hier, durant le passage du président d'AIG, Edward Liddy, devant le Congrès.

M.Liddy, qui a pris le contrôle d'AIG en septembre quand le gouvernement a entrepris de sauver l'assureur, a dit avoir demandé aux employés de rembourser «au moins la moitié des primes qui sont supérieures à 100000$.»

Le Congrès américain et le procureur en chef de l'État de New York, Andrew Cuomo, cherchent à obtenir la liste des récipiendaires des primes. Ce que refus le patron d'AIG, invoquant des raisons de sécurité.

Ces primes étaient destinées à «retenir» les meilleurs gestionnaires d'AIG. Un argument qui a été invalidé quand AIG a révélé, mardi, que plusieurs récipiendaires des primes ne sont plus à l'emploi de la compagnie.

Aujourd'hui, plusieurs groupes syndicaux, religieux et civiques organisent des manifestations dans une centaine de villes aux États-Unis. Ils veulent dénoncer «l'avarice des dirigeants des banques et réclamer davantage d'investissements dans les soins de santé et la protection des travailleurs». Les organisateurs attendent quelque 10000 participants.

Un sondage de la firme Gallup montre que 76% des Américains veulent que les primes soient remboursées, alors que 17% estiment qu'elles sont méritées. Quelque 59% des répondants ont dit être «scandalisés» par cette affaire.

Complaisance

De plus en plus, la colère à l'endroit d'AIG est dirigée contre l'administration Obama. Les contribuables ne comprennent pas pourquoi son administration est incapable d'imposer sa marque sur AIG, qui est à 80% propriété du gouvernement fédéral.

Le président Obama a jusqu'ici réussi à trouver l'appui populaire pour ses politiques d'investissements massifs, mais la grogne menace de compliquer son rôle d' «investisseur en chef».

Le président Obama a d'ailleurs dû voler au secours de son secrétaire du Trésor, Timothy Geithner, vu par certains comme étant trop complaisant envers l'industrie financière dans laquelle il a fait carrière avant de devenir ministre des Finances.

«Timothy Geithner travaille extrêmement fort pour améliorer le sort de l'économie, a dit le président, hier. Il doit composer avec la situation qui nous affecte tous. Jusqu'ici, il a pris les bonnes décisions.»