La banque américaine Citigroup (C), qui a enregistré de lourdes pertes en 2008, a été de nouveau rentable en janvier et février, a indiqué son directeur général Vikram Pandit dans un mémo interne obtenu mardi par l'AFP.

«Nous sommes rentables sur les deux premiers mois de 2009, et notre trimestre jusqu'à présent est le meilleur depuis le troisième trimestre 2007. (...) Nos dépôts sont relativement stables, nos activités de marchés fonctionnent bien, et nous continuons à offrir du crédit aux particuliers et entreprises», a souligné M. Pandit, dans ce document.La banque, qui a enregistré cinq trimestres déficitaires consécutifs, avait dévoilé pour 2008 des pertes de 18,72 milliards de dollars US.

Le troisième trimestre 2007, marqué par l'éclatement de la crise des prêts hypothécaires subprime, a été le dernier rentable pour l'ex-numéro un mondial de la finance, à hauteur de 2,38 milliards.

M. Pandit a également félicité les employés de l'établissement pour «leur travail impressionnant pour générer du chiffre d'affaires et réduire les coûts structurels», estimant que le produit net bancaire sur janvier et février s'élevait à 19 milliards.

L'opération financière annoncée il y a deux semaines et selon laquelle Citigroup échangera pour 27,5 milliards en actions privilégiées, fera de Citigroup la banque «la mieux capitalisée aux États-Unis en termes de ratios» de capitalisation, a par ailleurs estimé Vikram Pandit.

Alors que la Réserve fédérale (Fed) prépare un «test» destiné à déterminer les besoins en capitaux des banques américaines, «nous avons conduit notre propre test, en nous fondant sur des perspectives plus pessimistes que celles de la Fed, et nous sommes confiants quant à la solidité de notre capital», a assuré le patron de la banque newyorkaise.

En revanche, il s'est dit «déçu» par la performance en Bourse du titre Citigroup, tombé jeudi sous 1 $ pour la première fois de son histoire, et par «la mauvaise perception largement répandue sur l'entreprise et sa santé financière». «Je ne crois pas que (le cours de l'action) reflète la force de Citi», a-t-il dit.

Les investisseurs se sont largement détournés de l'établissement, désormais partiellement nationalisé, l'échange d'actions privilégiées engagé devant permettre à l'État fédéral de détenir jusqu'à 36% du capital.

Mais les assurances prodiguées mardi par M. Pandit faisaient remonter le titre, en hausse de plus de 19% dans les échanges électroniques avant l'ouverture de la Bourse de New York à 1,25 $.

De leur côté, d'après un article du Wall Street Journal publié mardi, les autorités américaines, qui ont déjà injecté 45 milliards dans l'établissement, réfléchissent à d'autres actions pour soutenir la banque, «au cas où ses difficultés augmenteraient», «si Citigroup tournait mal de manière inattendue».

Selon le quotidien des affaires, qui cite des personnes proches du dossier, les autorités de régulation du secteur financier pourraient envisager la création d'un fonds de défaisance destiné à recueillir les actifs «pourris» de la banque, mais aussi le développement d'«un partenariat public-privé».

En contrepartie de son engagement, le Trésor américain avait imposé à la fin de février à la banque la condition d'un remaniement du conseil d'administration, où devra siéger une majorité d'administrateurs indépendants.