Contrairement à Standard and Poor's, l'agence de notation Moody's a annoncé vendredi qu'elle ne changeait rien aux perspectives de la Caisse de dépôt et placement du Québec en matière de solvabilité.

Contrairement à Standard & Poor's la semaine dernière, l'agence de notation Moody's a annoncé vendredi qu'elle ne changeait rien aux perspectives de la Caisse de dépôt et placement du Québec en matière de solvabilité.

Pour la firme new-yorkaise, la cote à long terme de la Caisse reste à Aaa, celle à court terme à «Prime-1» - les plus élevées qui soient -, tandis que les perspectives de l'institution demeurent «stables».

Dans un communiqué, l'analyste Peter Routledge a exprimé «certaines préoccupations» en ce qui a trait aux «pratiques de gestion du risque» de la Caisse, mais a souligné que les créanciers de l'institution étaient «extrêmement bien protégés» contre d'éventuelles pertes par les versements continus de ses 25 déposants, dont la Régie des rentes.

Moody's voit néanmoins comme des «lacunes de gestion du risque» les placements importants de la Caisse dans du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) et les appels de marge découlant de la «stratégie d'investissement alternative» de l'institution.

En août 2007, la Caisse détenait pas moins de 12,6 milliards dans du PCAA non bancaire, soit 40% du total canadien. Il s'agissait là d'une concentration et d'un risque «plus élevés que ce à quoi on se serait attendu de la part de la Caisse», a déploré l'agence.

Les appels de biens donnés en garanti («collateral calls») auxquels a fait face la Caisse au quatrième trimestre en lien avec ses investissements dans des produits dérivés ont «grevé» les liquidités de l'institution, a reconnu Moody's, en faisant toutefois remarquer qu'on a rapidement renfloué les réserves par la suite. Aujourd'hui, les liquidités totales dépassent le seuil minimal de 20 milliards que la Caisse s'est fixé et que Moody's considère «solide».

Pour faire son analyse, l'agence a dit ne pas avoir tenu compte de la possibilité que Québec vienne à la rescousse de la Caisse, puisque la cote de celle-ci est plus élevée que celle du gouvernement (Aa2).

<b>Réaction</b>

Evidemment, la Caisse a accueilli «avec satisfaction» le rapport de Moody's. «Cette décision est basée sur le bon niveau de liquidités de la Caisse et le faible ratio d'endettement par rapport à la juste valeur de l'actif au 31 décembre», a-t-on relevé dans un communiqué.

L'institution a tout de même «pris note des remarques de l'agence sur de possibles améliorations à ses pratiques en matière de gestion du risque» et a promis de collaborer étroitement avec Moody's sur ce point.

La Caisse n'a pas manqué de rappeler que Moody's est la deuxième agence à laisser intactes ses cotes de crédit et ses perspectives futures. Le jour de la publication des résultats 2008 de la Caisse, le 25 février, l'agence torontoise DBRS avait annoncé qu'elle maintenait ses cotes de crédit (R1-Elevée pour les emprunts à court terme et AAA pour ceux à long terme).

Le lendemain, Standard & Poor's plaçait la cote de crédit à long terme de la Caisse (AAA) sous surveillance avec «implications négatives» pour une période de trois mois, invoquant notamment la perte record de 39,8 milliards enregistrée en 2008 et le manque de «stabilité» de son équipe de direction.

Jeudi, en présentant le nouveau président du conseil d'administration de la Caisse, Robert Tessier, la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, a mis un point d'honneur à soutenir que celui-ci apporterait «beaucoup de stabilité» à l'institution. Sa première tâche sera de trouver un nouveau président et chef de la direction pour la Caisse.