Dure fin d'année pour les principaux assureurs-vie au Canada, alors que leurs importantes activités de gestion de placement ont subi de plein fouet les effets du krach boursier.

Les trois géants de ce secteur - les Sun Life [[|ticker sym='T.SLF'|]], Manuvie [[|ticker sym='T.MFC'|]] et Great-West [[|ticker sym='T.GWO'|]] - ont confirmé hier un revers marqué de leur résultat d'exploitation au quatrième trimestre de 2008, terminé le 31 décembre.

 

Leurs pertes combinées atteignent 3,4 milliards, à l'inverse des bénéfices de 2,2 milliards réalisés lors du même trimestre, un an plus tôt.

Pour tout leur exercice 2008, ces trois gros assureurs-vie voient leurs bénéfices combinés rapetissés à seulement 1,95 milliard, quatre fois moins que les 8,5 milliards affichés un an plus tôt.

À elle seule, la Financière Manuvie, plus amochée parmi cet influent trio d'assureurs-vie, affiche une énorme perte de 1,87 milliard au quatrième trimestre.

Il s'agit de son premier déficit depuis 10 ans, lors de sa conversion de mutuelle d'assurance à société à capital-actions.

Aussi, cet énorme déficit s'avère une gifle professionnelle pour son président en instance de retraite, Dominic D'Alessandro, naguère louangé pour l'essor de Manuvie.

Pour tout son exercice 2008, l'assureur-vie déclare un bénéfice net atrophié de 87%, à 517 millions, une misère du point de vue de ses actionnaires après des années de profits milliardaires.

Pour leur part, les actionnaires de la Great-West ont eu confirmation d'une perte nette de 907 millions au quatrième trimestre de 2008, aussi un important revirement par rapport au profit de 537 millions un an plus tôt.

La majeure partie de ce revers est attribuable à une dépréciation de 1,3 milliard subie par la Great-West à l'égard d'une filiale américaine, Putnam Investments, acquise en 2007.

Chez la Financière Sun Life, aussi, les déboires d'activités de gestion de placements aux États-Unis ont provoqué un important déficit en fin d'exercice 2008.

La perte de 696 millions (excluant un gain de revente d'actif) au quatrième trimestre contraste fortement avec le profit de 560 millions de la même période, un an plus tôt.

Mais pourquoi une telle chute des profits des grands assureurs-vie? D'autant qu'ils n'ont pas subi de recul significatif de leur volume d'activités ou de hausse soudaine des réclamations de leurs clients.

De l'avis d'analystes, les principaux problèmes des assureurs-vie sont liés à la crise boursière, mais de deux ordres.

D'une part, les bénéfices tirés des frais de gestion de patrimoine financier sont très affectés par la dépréciation considérable des actifs gérés.

D'autre part, ces assureurs-vie ont dû augmenter considérablement leurs réserves à l'égard de leurs fonds d'investissement à capital protégé ou à rentes prédéterminées.

Ces produits-vedettes sont aussi connus comme «fonds distincts» car ils fournissent aux particuliers une garantie contre les pertes du capital investi, en échange de frais de gestion plus élevés.

Mais le krach boursier a été d'une ampleur telle qu'il a fait exploser le coût éventuel de ces garanties financières. Et ce, même si elles n'impliquent pas de débours avant plusieurs années, en cas de rebond insuffisant des cours boursiers.

«Les assureurs-vie n'ont pas le choix d'accroître considérablement leurs réserves pour leurs fonds garantis afin de contrer leur risque lié aux marchés boursiers», a résumé Gavin Graham, directeur de placements chez Gestion d'actif BMO, à Toronto.

À elle seule, la Financière Manuvie, qui a une clientèle considérable aux États-Unis, a dû grossir ses réserves pour fonds garantis de 3,5 milliards durant le seul quatrième trimestre de 2008.

Cet ajout considérable - semblable aux provisions pour mauvais prêts des banques - a gonflé à 5,78 milliards les réserves de Manuvie pour ses fonds garantis, 10 fois plus qu'il y a un an.

Malgré tout, la firme de notation financière Moody's a indiqué hier qu'elle juge les dommages à «la flexibilité financière et la capitalisation» de Manuvie assez graves pour placer sa cote en révision baissière.

En Bourse, les actions de Manuvie ont encore été recalées de 6% hier, à 18,20$, leur cours le plus faible depuis le creux boursier de la mi-novembre.

Les actions de la Great-West ont reculé de 2%, à 18,20$, alors que celles de la Financière Sun Life ont enregistré un léger gain de 0,6%, à 23,15$.