Les deux grands assureurs suisses, Zurich Financial Services et Swiss Re, n'ont pas échappé à la débâcle financière, le numéro un mondial de la réassurance ayant même été contraint jeudi d'appeler à l'aide l'investisseur américain Warren Buffett.

Après plusieurs semaines de rumeurs, Swiss Re a reconnu une perte nette d'un milliard de francs suisses (1,07 milliard CAN) pour 2008 ainsi que 6 milliards de dépréciations d'actifs, dont 2 milliards liés à un portefeuille de produit hautement «toxiques», assurant le risque de crédit (SCDS).Pour faire face à cette situation sans précédent, le numéro un mondial du secteur a décidé de lever quelque 5 milliards de francs suisses . Dont au moins 3 milliards auprès du groupe diversifié Berkshire Hathaway de Warren Buffett.

Au-delà de cette première recapitalisation, le groupe pourrait lever 2 milliards supplémentaires, pour retrouver «un niveau solide de capitaux», a-t-il précisé.

«Nous ne sommes pas fiers» de ces résultats, a indiqué le directeur général Jacques Aigrain, lors d'une conférence de presse téléphonique, reconnaissant que le groupe n'avait «pas prévu l'étendue de la tourmente» financière.

La solution de recourir à M. Buffett, dont la participation pourrait monter de 3% à plus de 20% dans le capital du réassureur, a été prise à la dernière minute, a encore admis M. Aigrain, en assurant que l'influence de l'Américain en tant qu'actionnaire majoritaire potentiel restera «limitée».

Bien que dans la tourmente, le groupe s'est félicité de ne s'être à aucun moment adressé au gouvernement suisse ou à la banque centrale pour bénéficier d'un plan de sauvetage, à l'instar de l'établissement financier UBS.

Malgré la recapitalisation, l'agence de notation Standard & Poor's a placé sous surveillance avec implication négative la note de dette à long terme et de solidité financière «AA-» du groupe.

Swiss Re, qui a supprimé 120 emplois en décembre, n'exclut pas d'autres réductions de postes.

Moins touché, l'assureur Zurich Financial Services a pourtant enregistré un recul de 47% à 3 milliards de dollars US de son bénéfice net annuel, inférieur aux prévisions des analystes.

Le ratio combiné (rapport des frais de gestion et du coût des sinistres sur le total des primes encaissées) s'est détérioré de 2,5 points de pourcentage à 98,10%.

«Nous ne voyons pas d'amélioration significative de la situation économique à court terme», a estimé le directeur général James Schiro.

Le groupe a cependant confirmé ses objectifs de réduction des coûts dans le cadre du programme «The Zurich Way» et prévoit de dégager 2,7 milliards d'économies entre 2009 et 2011, contre 2,4 milliards initialement prévus.

ZFS veut également économiser 200 millions supplémentaires, au-delà des 200 millions déjà annoncés.

Malgré des résultats solides dans l'assurance dommage et vie, le groupe a subi une dépréciation de 2,5 milliards et vu le résultat net de ses investissements reculer de 42% à 5,8 milliards.