Alors que la pénurie de préposés aux bénéficiaires sévit, ceux de deux centres d'hébergement privés viennent d'obtenir des augmentations de salaire significatives. Dans un cas, c'est une augmentation de 4,48 $ l'heure dès la signature de la convention collective qui a été obtenue pour certains préposés.

C'est le Syndicat québécois des employés de service, affilié à la FTQ, qui a obtenu ces augmentations pour les travailleurs du centre d'hébergement Maison Legault, à Québec. Ce syndicat de 25 000 membres représente des préposés aux bénéficiaires dans le secteur public et dans le privé.

Avant que cette convention soit conclue, les mieux payés des préposés aux bénéficiaires touchaient 16,52 $ l'heure, sans compter les primes de soir ou de nuit. Dorénavant, le taux horaire au maximum de l'échelle atteindra 21 $ l'heure, a souligné Danielle Rousseau, conseillère syndicale au SQEES.

Par la suite, les augmentations seront de 1,6 % le 1er décembre 2020 et de 1,6 % le 1er décembre 2021.

Aussi, les salaires de départ de 15 $ l'heure passeront à 18 $. Ce syndicat compte non seulement des préposés aux bénéficiaires, mais aussi des cuisiniers, préposés à l'entretien ménager et autres.

« Lors de la négo, nous, on n'arrêtait pas de dire à l'employeur - parce qu'on vit une pénurie de personnel partout et aussi à la Maison Legault - "si vous voulez vous démarquer, si vous voulez aller chercher des gens, vous devez payer. Si vous ne payez pas, vous allez continuer avec votre pénurie". Je pense que le message a été entendu », a résumé Mme Rousseau, en entrevue.

La direction « très contente »

Jointe en fin d'après-midi, la direction de la Maison Legault a expliqué avoir conclu une telle convention pour attirer du personnel qualifié dans un contexte de vive concurrence.

La propriétaire, Nathalie Tremblay, a précisé que l'établissement n'avait que 20 lits, qu'il était « en recherche de main-d'oeuvre qualifiée » et qu'il devait se battre contre de grandes chaînes de résidences privées pour attirer du personnel.

« C'est une question d'offre et de demande », a-t-elle expliqué, en ajoutant que la Maison Legault est une petite entreprise. « Je suis très contente de la convention qu'on a », a commenté Mme Tremblay.

Et à Rouyn-Noranda

En Abitibi, cette fois, c'est le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), aussi affilié à la FTQ, qui a négocié pour ses 65 membres du Centre d'hébergement Rouyn-Noranda un rattrapage salarial moyen de 10,9 % pour les préposés aux bénéficiaires et une augmentation de 9,25 % sur cinq ans. De plus, une « prime de fidélité » équivalant à 1 % sera versée après 10 ans d'ancienneté, dans le but de garder le personnel.

En fait, le syndicat a négocié un réaménagement de l'échelle de salaires pour les préposés aux bénéficiaires, en supprimant des échelons inférieurs, pour ramener le salaire le plus bas à 15 $ l'heure dès maintenant. Puis les augmentations négociées et primes s'appliqueront.

« L'employeur était conscient que le salaire minimum pour entrer dans le centre, pour les préposés aux bénéficiaires, était dans les alentours de 13 $ l'heure ; il était conscient que ce n'était pas compétitif, mais pas du tout », a commenté Pierre-Paul Tessier, conseiller syndical au SCFP.

Il souligne qu'en plus, en Abitibi, les salaires sont bien plus élevés dans les mines, ce qui fait que les employeurs qui paient des salaires moindres éprouvent des problèmes de recrutement et de rétention de leur main-d'oeuvre.

L'employeur a même accepté de négocier à l'avance pour offrir un rattrapage salarial, puisque la convention collective ne devait arriver à échéance qu'en 2020. « Pour attirer les gens, il devait monter son salaire, ce qui a fait en sorte qu'on a négocié un an à l'avance », a justifié M. Tessier.

Aussi, la cotisation de l'employeur au régime de retraite passera de 250 $ à 500 $ par année.

De même, une sixième semaine de vacances a été ajoutée entre la 15e et la 19e année d'ancienneté.