Même si le ministre des Finances, Eric Girard, se targue d'avoir livré la marchandise avec son premier budget, les partis d'opposition estiment plutôt qu'il a mal dépensé les importantes marges de manoeuvre qui se trouvaient dans les coffres de l'État.

Après un surplus de 2,5 milliards - après un versement de 3,1 milliards au Fonds des générations - dégagé en 2018-2019, le grand argentier de la province prévoit seulement l'équilibre budgétaire au cours des trois prochains exercices, ce qui a semblé inquiéter le Parti libéral du Québec (PLQ).

« C'est un peu la dernière année des marges de manoeuvre, a prévenu le porte-parole de l'opposition officielle en matière de finances, Carlos Leitão, accompagné du critique libéral au trésor, Gaétan Barrette. Profitez-en bien, parce que les années suivantes, ça ne sera pas cela du tout. »

Dans sa liste de reproches, l'ex-ministre des Finances a estimé que le gouvernement Legault abandonnait certaines promesses, notamment en ce qui a trait au déploiement de la maternelle 4 ans. Québec ne prévoit que 36 millions au cours de l'exercice 2019-2020 et 72 millions lors du suivant.

Au rythme actuel, a estimé M. Leitão, il faudra au moins un deuxième mandat au gouvernement Legault afin de respecter sa promesse d'offrir ces maternelles à tous.

« Où est l'accélération de la croissance (économique) ?, a-t-il demandé, rappelant que les caquistes promettaient d'insuffler un nouvel élan à l'économie. C'est 1,5 % (de croissance du produit intérieur brut) en 2020 et 1,3 % en 2021. C'est ça en faire plus ? Bonne chance ! Nous sommes très déçus de ce budget. »

Du côté de Québec solidaire (QS), les critiques ont visé le thème de l'environnement, où, selon la formation politique, il y a eu un manque flagrant d'investissements « neufs et structurants » pour lutter contre les changements climatiques.

Visiblement déçue, la porte-parole de QS, Manon Massé, a signalé qu'elle comptait réunir son caucus rapidement afin de préparer une « riposte » à un budget qui ne « tient pas compte de la plus importante urgence planétaire ».

« Il me semble que tous les clignotants rouges sont allumés depuis longtemps, a dit Mme Massé, accompagnée du responsable des finances publiques, Vincent Marissal. Les jeunes Québécoises et Québécois n'ont même pas 18 ans et ils l'ont compris. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement, lui, fait fi de cette urgence. »

Selon QS, la proportion des investissements dans le transport collectif par rapport à ceux dans les infrastructures routières s'est détériorée en passant de 31 % à 27 %. De plus, a déploré la formation politique, le montant destiné aux projets de transport en commun est demeuré stable, à 9 milliards, dans le Plan québécois des infrastructures.

« Nos attentes étaient basses, mais force est de constater que rien ne se trouve dans le budget pour lutter contre les changements climatiques », a critiqué M. Marissal.

Pour sa part, le Parti québécois (PQ), malgré certaines critiques, a néanmoins souligné certains aspects positifs, notamment en matière de calcul des pensions alimentaires et de l'aide juridique.

Son porte-parole en matière de finances et d'économie, Martin Ouellet, s'est toutefois demandé si les 280 millions mis de côté pour les soins à domicile « seront là à chaque année ».

« Les parents n'ont pas demandé des maternelles 4 ans, mais des CPE », a-t-il estimé, dans ses reproches adressés au gouvernement Legault.

M. Ouellet a également sourcillé en constatant que le gouvernement Legault octroyait 1 milliard de plus à Investissement Québec, alors qu'il anticipait tout de même un ralentissement de la croissance économique au cours des prochaines années.