Le ministre québécois des Finances, Eric Girard, continue à jouer de prudence en prévoyant un surplus de 1,7 milliard à la fin de l'exercice 2018-2019, et ce, même si un surplus de 4,43 milliards se trouve dans les coffres de l'État après huit mois.

En novembre, la performance économique a encore été au rendez-vous, ce qui a fait en sorte que l'augmentation des revenus a encore été plus marquée que la progression des dépenses.

Le surplus de 4,43 milliards - qui tient compte d'un versement de 1,7 milliard au Fonds des générations - a été dévoilé dans le rapport mensuel des opérations financières au 30 novembre, publié vendredi après la fermeture des marchés. Il est bien plus élevé que celui de 2,46 milliards enregistré à la même période l'an dernier.

« Il est évident que les rentrées fiscales autonomes ont été très bonnes dans tous les secteurs », a expliqué M. Girard, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne.

Toutefois, le gouvernement Legault s'attend à ouvrir les vannes en dépensant près de 2,7 milliards d'ici la fin de l'année financière, souligne le rapport.

Cela s'explique par une sortie prévue de 2,5 milliards afin d'atteindre des cibles de dépenses ainsi que par un autre montant de 229 millions attribuable aux différentes initiatives figurant dans la mise à jour économique.

Parallèlement, Québec anticipe une plus faible progression des revenus autonomes, alors que la croissance économique devrait ralentir.

M. Girard a reconnu qu'il y avait plus de chance, après plus de huit mois dans l'exercice, que le surplus budgétaire dépasse les prévisions. Le ministre a toutefois ouvert la porte à des « mesures ciblées » destinées à « l'amélioration des services publics » si des sommes ne sont pas dépensées.

« Si l'on constate que les dépenses persistent à ne pas se réaliser, nous allons évaluer la possibilité de se tourner vers des initiatives ciblées non récurrentes », a dit M. Girard.

Étant donné qu'il s'affaire encore à préparer son premier budget, qui devrait être déposé en mars, le grand argentier de la province n'a pas voulu ouvrir son jeu quant aux mesures qu'il pourrait offrir aux contribuables.

Huit mois après le début de l'exercice, les revenus autonomes - qui excluent les recettes générées par les sociétés d'État - atteignaient 41,7 milliards, en hausse de 8 %, ou de 3,2 milliards.

En revanche, les dépenses de programmes ont été de 48,2 milliards, en hausse de 5,1 %, ce qui est inférieur à la cible de croissance de 5,6 % de la mise à jour économique pour l'année financière 2018-2019.

Plus précisément, l'impôt prélevé sur le revenu des particuliers a permis à Québec d'empocher 1,4 milliard de plus, alors que pour celui des entreprises, ce sont 590 millions supplémentaires qui ont été récoltés. Les taxes à la consommation ont aussi généré 529 millions de plus.

À 2,5 %, la croissance économique a été au rendez-vous en 2018, mais un début de ralentissement a été constaté dans la deuxième moitié de l'année.

« La hausse a été de 3 % pendant le premier semestre et de 2 % au deuxième semestre », a indiqué M. Girard, qui anticipe une croissance de 1,9 % du produit intérieur brut en 2019.

De leur côté, les transferts fédéraux ont été de 14 milliards, en hausse de 4,3 %. Ainsi, la hausse globale des revenus pour les huit premiers mois de l'exercice a été de 7,3 %, pour atteindre 55,7 milliards.

Par ailleurs, les sociétés d'État comme Loto-Québec, la Société des alcools du Québec ainsi qu'Hydro-Québec ont injecté 287 millions de plus dans les coffres de l'État d'avril à novembre, soit 13,4 % de plus comparativement à la période correspondante de l'exercice précédent.