Une vaste campagne lancée aujourd'hui pour attirer les Québécoises en technologie, où elles représentent à peine 20 % des effectifs, peut se vanter d'une première recrue de choix : Randi Zuckerberg.

L'auteure à succès et entrepreneure américaine, qui a été jusqu'en 2011 directrice du marketing du réseau social Facebook fondé par son frère Mark, sera la conférencière à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) le 14 mars prochain. Cet événement est un des faits saillants de l'initiative Femmes en tech Ubisoft, dont l'objectif est d'inciter les jeunes femmes à choisir des métiers dans le domaine de la technologie.

« Randi Zuckerberg est une grande championne de cette cause, dit Michel Leblanc, président et chef de la direction de la CCMM. On pense que le rayonnement de cet événement-là va parler aux femmes elles-mêmes. »

Trois ambassadrices

M. Leblanc espère susciter la mobilisation qui a entouré une autre cause mise de l'avant par la CCMM, la persévérance scolaire. « C'est un autre chantier très important. J'ai très confiance dans les impacts de la mobilisation du milieu des affaires, quand les entreprises se mettent d'elles-mêmes à poser des gestes. »

Mme Zuckerberg ne sera pas la seule vedette de cette initiative : on veut recruter trois ambassadrices, « des modèles de femmes inspirants » qui ont fait leur place dans le domaine québécois des technologies. Leur choix n'a pas encore été confirmé.

« Il y a des stéréotypes sur lesquels on doit travailler : cette image du geek boutonneux qui n'a pas d'habiletés sociales, ce n'est plus vrai, il y a plein de profils différents dans notre industrie », souligne Cédric Orvoine, vice-président communications d'Ubisoft Montréal.

En hausse malgré tout

Mieux documentée au Québec depuis 2011, notamment grâce aux rapports de l'organisme TECHNOCompétences, la faible présence des femmes en technologie s'expliquerait par plusieurs facteurs. Bien des secteurs sont perçus comme traditionnellement masculins, où les hommes sont largement majoritaires des salles de classe jusqu'aux studios.

Résultat : on comptait quelque 41 200 femmes en 2016 dans le secteur des technologies de l'information et des communications (TIC), soit 20 % des travailleurs, selon le dernier portrait sectoriel. Il s'agit exactement de la même proportion qu'on avait relevée en 2011. La bonne nouvelle, c'est que le nombre absolu était alors de 36 500, il y a donc eu une hausse de 13 % en cinq ans.

Dans un contexte de pénurie de main-d'oeuvre, alors que de nombreuses entreprises technologiques québécoises ont le vent dans les voiles, l'embauche de femmes devient un véritable enjeu de croissance.

« On a une prise de conscience collective sur le fait qu'on gagnerait tous à avoir une meilleure représentation féminine. Et ça commence par le fait de convaincre plus de jeunes filles d'aller étudier dans ces domaines », indique M. Orvoine.

Randi Zuckerberg est à cet égard un « super bon fit », estime-t-il, elle qui milite depuis des années pour dénoncer les injustices dont sont victimes les femmes dans la Silicon Valley.

Que dirait le vice-président à une jeune fille qui craindrait de se lancer dans ce milieu ? « Une chose est sûre : nous avons pris l'engagement chez Ubisoft d'offrir un environnement de travail respectueux et ouvert, et nous ne tolérons pas les comportements répréhensibles, quels qu'ils soient », assure-t-il.

Randi Zuckerberg en bref

-Née le 28 février 1982 dans l'État de New York, aînée d'une famille de quatre enfants.

-A entamé des études en psychologie à l'Université Harvard en 1999.

-Soeur de Mark Zuckerberg, qui a fondé Facebook en 2004. Cette année-là, elle se joint au réseau social à titre de directrice du marketing. Frondeuse, elle multipliera les déclarations-chocs, dénonçant notamment une culture entièrement axée sur la performance.

-Quitte Facebook en 2011. Elle entame alors une carrière d'actrice et publiera deux livres, dont le best-seller Dot.complicated.

-Fonde en 2013 Zuckerberg Media, plateforme de production qui multiplie les émissions de télévision.

-Intervient fréquemment dans le débat public sur la place des femmes dans les entreprises.