Les investisseurs étrangers ont misé une somme inégalée dans la région de Montréal au cours des six premiers mois de 2018.

Selon une compilation réalisée par Montréal International (MI), l'organisme de démarchage a accompagné des projets d'implantation ou d'expansion étrangers pour une somme record de 1,355 milliard de dollars entre janvier et juin 2018, soit une hausse de 87 % par rapport à la période correspondante l'an dernier.

« Il s'agit de notre meilleur semestre à vie », dit le vice-président, investissements étrangers et organisations internationales de MI, Stéphane Paquet, en entrevue téléphonique.

Déjà, l'année 2017 s'était révélée un grand cru pour MI, avec des investissements directs étrangers (IDE) de 2,025 milliards, en hausse de 50 % par rapport à l'année précédente. Entre 2015 et 2017, souligne l'organisme, les IDE ont plus que doublé dans la région métropolitaine.

Investisseurs américains

Alors que les investissements en provenance d'Europe avaient dominé l'an dernier, ce sont les projets américains qui ont tenu le haut du pavé jusqu'ici. À eux seuls, les investisseurs américains ont ajouté 829 millions de dollars à l'économie montréalaise.

En avril, la firme américaine d'effets visuels Reel FX a notamment annoncé son intention d'ajouter 400 employés à son studio de Pointe-Saint-Charles, à Montréal.

« C'est le résultat du personnel qu'on a réorganisé et ajouté pour solliciter les entreprises aux États-Unis », dit Stéphane Paquet.

De nombreux investisseurs évoquent cependant l'incertitude entourant la renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain comme étant un frein potentiel à l'investissement. « Tout le monde a hâte que ce soit réglé. »

Aussi, les entreprises du Vieux Continent ne se sont pas encore approprié les effets bénéfiques de l'accord de libre-échange conclu par le Canada avec l'Union européenne, note M. Paquet.

Main-d'oeuvre qualifiée

« Une autre préoccupation des entreprises, c'est comment on peut faire pour élargir le bassin de talents, qui est souvent la matière première des entreprises que l'on accompagne dans leurs projets d'investissement à Montréal », note Christian Bernard, vice-président aux affaires économiques de MI.

« Nombre d'entre elles seraient capables d'investir davantage si elles étaient en mesure de trouver davantage de talents. »

- Christian Bernard, vice-président aux affaires économiques de MI

Au total, ce sont 2864 emplois directs qui ont été créés dans la région montréalaise, à un salaire moyen de 64 500 $, soit 40 % de plus que la moyenne québécoise. C'est toutefois au niveau des immobilisations qu'ont été dirigés la plus grande part des investissements, pour un total de 809,57 millions.

« Ce que j'aime beaucoup dans ces résultats du premier semestre, c'est le nombre de dossiers qu'on a réussi à faire atterrir dans le Grand Montréal, soit 29, dit Stéphane Paquet. Il n'y a pas très longtemps, on faisait ça en une année, plutôt qu'en six mois. »

Nouvelles technologies

Le secteur des technologies de l'information, qui inclut les jeux vidéo, les effets visuels, l'intelligence artificielle et les centres de données, demeure une locomotive des investissements étrangers, souligne MI. Il accaparait 50 % des résultats l'an dernier.

« Nous voyons aussi maintenant plusieurs entreprises de l'économie dite réelle, comme des manufacturiers, qui s'intéressent à l'analyse de données et qui veulent voir comment elles peuvent elles aussi profiter du savoir-faire présent à Montréal. »

Au début de l'année, MI se disait « submergé » par les demandes d'investisseurs qui désiraient profiter de l'électricité à bon marché disponible au Québec pour y installer un centre de données dédié aux monnaies virtuelles. « C'est beaucoup, beaucoup, beaucoup plus calme maintenant », dit Stéphane Paquet, tout d'abord parce que le cours des monnaies virtuelles et donc la rentabilité des projets se sont affaissés.