Le patron Michael Sabia a répondu aux questions des journalistes à l'occasion du dévoilement des résultats de la Caisse de dépôt au premier semestre 2018. Résumé des échanges en cinq volets.

RENDEMENT « BIEN RAISONNABLE »

« Avec la tendance mondiale à long terme vers des rendements plus bas et la volatilité marquée des marchés depuis Noël, nous sommes très à l'aise avec notre position au 30 juin qui est bien raisonnable à 3,3 % », a dit M. Sabia, dans son commentaire d'introduction. L'actif net de la Caisse atteint 308,3 milliards de dollars. Au jeu des comparaisons, RBC Services aux investisseurs et de trésorerie calcule un rendement médian de 2,2 % au deuxième trimestre 2018 et de 0,2 % au premier trimestre 2018 pour son univers canadien des régimes de retraite à prestations déterminées. De son côté, Morneau Shepell obtient un rendement médian avant frais de gestion de 2,2 % pour le semestre. Morneau regarde un échantillon de 336 fonds communs diversifiés gérés par 51 sociétés.

LES INFRASTRUCTURES ONT BIEN FAIT

Par catégories d'actif, les actions ont donné un rendement de 4 %, les actifs réels, lire l'immobilier et les infrastructures, 5 %, et les titres à revenu fixe comme les obligations, 1,1 %. Dans la catégorie actions, le portefeuille Qualité mondiale, qui regroupe de grandes capitalisations qui versent des dividendes croissants, a livré la meilleure performance. À l'opposé, le portefeuille Marchés en croissance a connu des ratés. Une grande partie des résultats en placements nets obtenus dans les actions provient des placements privés.

MOINS CHER QUE LE GUICHET AUTOMATIQUE

Les dépenses d'exploitation ont continué d'augmenter au premier semestre et ça ne semble pas inquiéter la haute direction. Le ratio des frais d'exploitation annualisés s'établit à 23 cents par 100 $ d'actif net moyen. En 2014, ces frais étaient de 16 cents par 100 $ d'actif. En valeur absolue, la hausse des dépenses dépasse les 300 millions entre 2014 et 2017. Existe-t-il une limite supérieure à ne pas dépasser ? M. Sabia a répété que l'augmentation des frais était liée à la stratégie de la Caisse de se mondialiser avec des bureaux et des équipes sur le terrain dans des pays comme l'Inde, la Chine, l'Australie, en vue de dénicher les meilleurs partenaires et les meilleures occasions d'investissement. Une stratégie qui donne des résultats. « Pour mettre ça en contexte, 23 cents pour gérer 100 $. Ça coûte 10 fois plus cher juste retirer 100 $ d'un guichet automatique. Ça démontre l'efficacité du modèle de la gestion des coûts », a ajouté Maarika Paul, première vice-présidente et chef de la direction financière. Elle a aussi fait valoir que les coûts de la Caisse sont environ 18 % moins élevés que la médiane de ses pairs en raison de l'importance relative qu'occupe la gestion interne à la Caisse, laquelle coûte, soutient-elle, entre deux et six fois moins cher que la gestion externe.

DES FLEURS AUX DIRIGEANTS DE BOMBARDIER

M. Sabia a eu de bons mots pour les dirigeants de Bombardier, qui ont dévoilé hier matin un profit de 70 millions US au dernier trimestre, comparativement à une perte de 243 millions US à pareille date en 2017 (voir écran 5). « Je voudrais féliciter l'équipe de direction de Bombardier, qui a présenté des résultats très impressionnants », a glissé M. Sabia en réponse à une question portant sur ce qu'il entendait par « investissement résilient ». Pour lui, pareil investissement correspond à un investissement livrant un rendement courant significatif comme les 2 milliards que la Caisse a investis en 2015 dans Bombardier Transport ; un placement structuré de façon singulière avec des planchers de rendement.

EN ACCORD AVEC LA STRATÉGIE CANADIENNE

Le protectionnisme et l'avenir de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ont également été abordés durant la téléconférence. « Je pense que le gouvernement du Canada gère ce processus de négociations d'une très, très bonne façon, soutient le grand patron de la Caisse. Ses positions restent fermes, ce qui est, selon moi, la bonne chose à faire actuellement face à toutes sortes de demandes qui viennent de Washington. Pour l'instant, la chose qui compte, c'est de garder le cap ; de rester calme. Ce n'est pas une crise, ce n'est pas une panique. Personnellement, je suis très à l'aise avec la façon dont le gouvernement du Canada gère ce processus, parce que ce n'est pas facile. Il y a toutes sortes de choses qui se passent à Washington. On entend toutes sortes de menaces. »