Le gouvernement du Québec est-il sur le mode de l'austérité ? Le budget que Québec consacre à ses missions gouvernementales pèse lourd dans l'économie : il est actuellement à son niveau le plus élevé d'interventionnisme en 20 ans.

En 2018-2019, les dépenses liées aux missions du gouvernement (p. ex. : santé, éducation, justice, soutien aux personnes, culture) représenteront 23,1 % de l'économie québécoise (PIB), soit le plus haut niveau en deux décennies - ex aequo avec l'année 2009-2010, tout juste après la crise financière, selon le premier panorama des finances publiques du Québec publié hier par la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

Après avoir atteint 23,0 % en 2013-2014, le ratio « budget des missions/PIB québécois » a toutefois diminué pendant trois ans sous le gouvernement Couillard, jusqu'à atteindre 22,3 % du PIB en 2016-2017. Ce furent les années d'« austérité », selon les partis de l'opposition, ou de « rigueur budgétaire », selon le gouvernement Couillard. À 22,3 % en 2016-2017, le ratio « budget des missions/PIB » était effectivement à son plus bas niveau de la dernière décennie.

« Je n'aime pas ce mot [« austérité »], car les gens n'écoutent plus après [qu'il est prononcé] », explique Luc Godbout, professeur et titulaire de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l'Université de Sherbrooke.

« Le Québec a le même poids d'intervention gouvernementale qu'en 2009, alors que la récession frappait. Ces deux années [2018-2019 et 2009-2010] constituent des sommets en termes de dépenses publiques. Il y a eu une diminution des dépenses en proportion du PIB qui s'est faite en deux vagues depuis 2009-2010. Si on veut être équitable, les revenus ont été mis beaucoup plus à contribution que les dépenses pour retrouver l'équilibre budgétaire », poursuit-il. 

DES PROMESSES ÉLECTORALES FINANCÉES PAR LA RÉSERVE ?

Le gouvernement du Québec tomberait en déficit budgétaire cette année (2018-2019) s'il n'utilisait pas sa réserve de stabilisation. Ce qui veut dire que bien des promesses électorales en vue du scrutin du 1er octobre prochain seront financées en pratique par la réserve de stabilisation. « La marge de manoeuvre n'est pas très grande. Le défi pour les partis politiques sera de financer les engagements qu'ils veulent réaliser », dit le professeur Luc Godbout.

OTTAWA RÉDUIT DU TIERS

En 30 ans, le poids de l'intervention gouvernementale a diminué à vue d'oeil à Ottawa : le gouvernement fédéral a réduit de plus du tiers la taille de ses dépenses par rapport à la taille de son économie. « La volonté de réduire la présence gouvernementale est à Ottawa, Québec a pris une partie de la place laissée par Ottawa », dit le professeur Luc Godbout, qui a publié l'étude avec les chercheurs Suzie St-Cerny et Michaël Robert-Angers.