À CV égal, les chances que les employeurs de la ville de Québec convoquent en entrevue un candidat qui porte un nom franco-québécois étaient deux fois plus élevées que pour un candidat au nom maghrébin.

C'est ce qu'a découvert Jean-Philippe Beauregard, étudiant au doctorat à l'Université Laval, en envoyant des paires de CV à 202 employeurs de la région de Québec.

« On s'attendait à de la discrimination et on avait fait l'hypothèse que ça allait être plus élevé qu'à Montréal, mais on n'avait pas idée de l'ampleur. » - Jean-Philippe Beauregard, étudiant au doctorat à l'Université Laval

Il y a plusieurs années, dans une étude similaire, la Commission des droits de la personne avait mesuré un taux de discrimination de 33 % chez les Arabes pour les emplois qualifiés (contre 50 % à Québec selon cette nouvelle étude).

Les CV envoyés par M. Beauregard étaient conçus pour attirer l'oeil des employeurs sur des candidats intéressants qui avaient faits des études dans la région de Québec et possédaient des expériences locales, peu importe leur nom. Le plus fort taux de discrimination a été observé dans le secteur des ressources humaines, alors que le candidat maghrébin avait 73 % moins de chances de se faire convoquer en entrevue que le Québécois de souche. Le taux de discrimination était de 55 % en comptabilité et 33 % en marketing. M. Beauregard souligne que de tels taux de discrimination peuvent mener les candidats au chômage ou à accepter des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés.

« Dans les deux dernières années, il y a eu une visibilité accrue des groupes d'extrême droite qui entretiennent des discours anti-musulmans et anti-immigration et on s'attend à ce que ça ait eu une influence », commente M. Beauregard.