Québecor achètera-t-il le Groupe Juste pour rire ? Les deux entreprises québécoises continuent de négocier une transaction... tout en s'affrontant devant les tribunaux.

Le vice-président principal et chef de la direction financière de Québecor, Jean-François Pruneau, a confirmé mardi durant son témoignage en Cour supérieure que les négociations se poursuivaient entre Québecor et le Groupe Juste pour rire, malgré les divers litiges intentés par Québecor devant les tribunaux. Québecor réclame notamment 1,1 million de dollars au Groupe Juste pour rire en factures impayées.

Selon nos informations, le Groupe Juste pour rire poursuit aussi ses discussions avec d'autres acheteurs potentiels. Québecor détient toutefois un avantage tactique sur les autres acheteurs potentiels : un droit de première offre obtenu en vertu d'ententes de partenariats et de commandites avec le Groupe Juste pour rire en 2012. Québecor poursuit le Groupe Juste pour rire afin d'obtenir une injonction visant à faire respecter ce droit de première offre. Un droit qui « peut limiter » l'intérêt des autres acheteurs, a dit M. Pruneau hier en cour.

OFFRES ET CONTRE-OFFRE

L'audience sur ce litige Québecor - Juste pour rire, qui durera deux jours et demi, a commencé hier après-midi devant la juge Marie-Anne Paquette, de la Cour supérieure. Au cours de son témoignage, M. Pruneau a confirmé qu'il y a actuellement des discussions et que « le processus suit son cours ». « Je ne pourrais pas dire qu'il y a de la mauvaise foi [dans les discussions] », a-t-il précisé.

Le Groupe Juste pour rire a fait deux offres de vente à Québecor, le 10 décembre puis le 30 décembre. Selon M. Pruneau, Québecor, qui a fait sa propre contre-offre le 22 décembre, considère que ces deux offres n'ont pas été faites de bonne foi. Une ordonnance de non-publication empêche les médias de publier les détails des offres en question.

Le Groupe Juste pour rire et Québecor n'ont pas commenté hier les négociations et le dossier de la vente.

QUÉBECOR ET TVA « ENTACHÉS » 

Le Groupe Juste pour rire a été mis en vente en octobre par son actionnaire majoritaire et fondateur Gilbert Rozon, après que 11 personnes l'ont accusé d'agression ou de harcèlement sexuel. 

Les révélations d'allégations d'agression sexuelle et de harcèlement contre Gilbert Rozon ont eu un impact immédiat sur Québecor, diffuseur de plusieurs émissions de Juste pour rire, a expliqué Marc M. Tremblay, vice-président principal, chef des affaires juridiques et des affaires publiques, chez Québecor. 

« Nous étions très inquiets de l'impact de ce qu'on peut appeler l'affaire Rozon non pas sur Juste pour rire, mais par ricochet sur Groupe TVA. »

Ainsi, les difficultés de Juste pour rire ont provoqué une « crise » pour « notre marque, notre brand », a expliqué le haut dirigeant. C'est pourquoi Québecor a agi prestement pour se dissocier de Juste pour rire, a-t-il ajouté. « Arrive ce malheur ; nous sommes une entreprise de médias, notre positionnement d'affaires est d'être près des gens. Il y a une symbiose, littéralement, entre Gilbert Rozon et Juste pour rire. D'être associé à ça, ça a un effet chez nous. J'ai des directeurs de marque qui disent : "Voyons, ça n'a pas de bon sens ! C'est nous autres qui sommes entachés" », a expliqué Marc Tremblay.

Photo IVANOH DEMERS, LA PRESSE

Marc M. Tremblay, vice-président principal, chef des affaires juridiques et des affaires publiques, chez Québecor