Les 1030 travailleurs de l'aluminerie ABI à Bécancour ont rejeté à plus de 80 % les offres finales de l'employeur. Et ce rejet a été prononcé alors que les syndiqués se sont déjà dotés d'un mandat de grève, dans une proportion de 97 %.

Mais au cours d'une entrevue, mercredi, le président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, Clément Masse, a indiqué qu'il n'avait pas encore l'intention d'exercer ce mandat de grève; il le garde dans sa manche.

«Non, on ne l'a pas exercé et ce n'est pas dans notre intention non plus de l'exercer. Notre intention, c'est de ramener l'employeur à la table pour qu'on discute de ce qui nous sépare et trouver une entente satisfaisante pour les parties», a indiqué M. Masse.

Le Syndicat des Métallos avait d'ailleurs recommandé à ses membres de rejeter ces offres finales, puisqu'il ne s'agissait pas d'une entente négociée, a souligné M. Masse. Et le taux de participation a été de 85 pour cent, avec un rejet à 80 %.

L'aluminerie ABI est propriété à 75 % d'Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.

L'un des enjeux de cette négociation est la modification du régime de retraite à prestations déterminées. Or, c'est non seulement le Syndicat des Métallos, mais toute l'imposante FTQ qui se bat contre les régimes de retraite à deux vitesses, c'est-à-dire l'implantation d'un régime de retraite moins généreux pour les employés embauchés après une date donnée.

La section locale 9700 du Syndicat des Métallos estime avoir réalisé des gains à ce chapitre depuis le début de la négociation. Dans son offre finale, l'employeur a apporté certaines améliorations à son offre de départ. Il n'y aurait notamment plus de régime distinct pour les employés embauchés après une date donnée, mais l'instauration d'un nouveau régime, sans distinction selon la date d'embauche.

La question du respect de l'ancienneté dans les mouvements de main-d'oeuvre, lorsque des postes deviennent vacants, est aussi en litige, rapporte M. Masse.

Direction déçue

De son côté, la direction d'ABI s'est dite déçue du rejet de ses offres par les syndiqués.

«L'offre présentée était très compétitive, parmi les meilleures dans le secteur manufacturier au Québec», a fait savoir, par voie de communiqué, Sara Dubé, du service des communications.

«Tout au long de la négociation, la direction d'ABI a été de bonne foi et a déployé tous les efforts afin d'obtenir une entente satisfaisante pour les deux parties. Cette entente assurerait également la pérennité de l'aluminerie dans le futur», a-t-elle ajouté.

La direction n'a pas voulu accorder d'entrevue. Elle «évaluera les prochaines étapes».