Québecor veut-il acheter le Groupe Juste pour rire ? Pierre Karl Péladeau n'a pas voulu vendre la mèche, hier. Mais le grand patron de Québecor se dit « préoccupé » par l'avenir de l'industrie de l'humour au Québec dans la foulée de l'affaire Gilbert Rozon et de la vente du Groupe Juste pour rire.

« [L'avenir de l'industrie de l'humour] préoccupe tout le monde, c'est important pour l'activité de Montréal, les festivals, il y a aussi des retombées au niveau de la télévision, de la commandite. C'est une activité économique très importante. [...] J'ose espérer qu'il va y avoir une solution », a dit M. Péladeau hier, en point de presse, après sa conférence devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Québecor fera-t-il partie de la solution ? Questionné trois fois plutôt qu'une, Pierre Karl Péladeau n'a toutefois pas voulu indiquer si Québecor - l'un des plus importants commanditaires du festival Juste pour rire - souhaiterait acheter le Groupe Juste pour rire. « J'ai dit que je n'avais pas de commentaires », a-t-il dit avec le sourire la troisième fois.

La Presse a révélé hier que le gouvernement Couillard s'inquiétait de voir le volet anglophone du festival Juste pour rire (Just For Laughs) glisser vers Toronto, comme ce fut le cas pour le festival de cinéma. Le président et chef de la direction de Québecor partage visiblement cette inquiétude. « Le FFM [Festival des films du monde] fut à un certain moment un très grand festival, c'est comme ça que j'ai connu le cinéma, [...] on est devenu bien loin derrière Toronto, a dit M. Péladeau. Est-ce que le même phénomène pourrait se produire [en humour] ? Ce n'est pas impossible de le penser. »

PAS DE TPS SUR NETFLIX, UNE DÉCISION « ÉLECTORALISTE »

Dans son discours devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Pierre Karl Péladeau a dénoncé la décision d'Ottawa de ne pas forcer Netflix à percevoir la TPS sur ses abonnements au Canada. « Il ne devrait pas y avoir de régime d'exception », a-t-il dit en point de presse. M. Péladeau estime que la justification du gouvernement Trudeau - ne pas augmenter les taxes de la classe moyenne - est « complètement ridicule ». « Ça n'a aucun rapport. [...] [C'est de] l'électoralisme », a-t-il indiqué.

L'ancien chef du Parti québécois n'a toutefois pas lancé de fleurs au gouvernement Couillard, qui a annoncé son intention de forcer Netflix à percevoir la TVQ. « C'est tristement un énoncé d'intentions. Ce n'est pas d'intentions que nous avons besoin », a-t-il dit.

M. Péladeau dit avoir pris la décision de vendre Archambault au Groupe Renaud-Bray en 2015 parce que ses « concurrents Amazon vendaient sans avoir l'obligation de facturer la TPS/TVQ ».

RÉGLEMENTATION ET MANICHÉISME

Alors que Netflix n'a pas d'obligations fiscales ni réglementaires au Canada, le grand patron de Québecor plaide pour une réglementation moindre dans le milieu des télécoms. Il dénonce notamment le principe de neutralité du web, en vertu duquel Vidéotron ne peut pas offrir Musique illimitée à ses abonnés sans toucher à leur consommation de données. « Complètement ridicule », a dit M. Péladeau à propos de cette décision du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC).