Les travailleurs québécois paieront davantage de cotisations pour obtenir en retour des rentes plus élevées à la retraite, selon un projet de loi déposé par le ministre des Finances, Carlos Leitao, jeudi.

Lorsque cette réforme du Régime des rentes du Québec (RRQ) sera pleinement appliquée, en 2025, un travailleur gagnant 40 000 $ déboursera 365 $ supplémentaires par année en cotisation, et son employeur versera le même montant. Ce même travailleur recevra à 65 ans une rente de retraite supplémentaire de 3320 $ par an, pour une rente totale de 13 320 $.

Par ce projet de loi, Québec harmonise finalement son régime de rentes à celui du gouvernement fédéral. L'an dernier, contrairement aux autres provinces, il avait refusé de signer une entente avec Ottawa prévoyant une révision du Régime de pensions du Canada. Il craignait l'impact de cette réforme sur les travailleurs à faible revenu.

Or des syndicats et des groupes comme Force jeunesse avaient désavoué la position de Québec. Ils avaient fait pression pour que le gouvernement opte pour la réforme fédérale.

En conférence de presse, Carlos Leitao a expliqué sa volte-face en disant qu'Ottawa a décidé de bonifier la prestation fiscale pour le revenu de travail, ce qui permettra de ne pas pénaliser les bas salariés.

Ainsi, la réforme du régime québécois de rente est semblable à celle du régime fédéral. Entre 2019 et 2025, le taux de cotisation, partagé à parts égales entre l'employé et l'employeur, passera progressivement de 10,8 à 12,8%, une hausse de deux points. Ce taux s'applique sur des revenus admissibles allant jusqu'à 55 300 $. À compter du 1er janvier 2024, il y aura une cotisation supplémentaire de 8% applicable sur la tranche de revenus allant de 55 300 $ à 63 000 $. Pour ce qui est de la rente de retraite, le taux de remplacement du revenu passera de 25% à 33,3%.

Pour Carlos Leitao, sa réforme assure la viabilité à long terme du RRQ et une sécurité financière accrue pour les futurs retraités.

La FTQ salue la décision du gouvernement. «Il s'agit d'une victoire majeure pour les futurs retraités», soutient le secrétaire général de la FTQ, Serge Cadieux. «Le gouvernement a finalement entendu raison et a décidé de ne pas pénaliser tous les travailleurs et travailleuses et de ne pas faire de ceux-ci les personnes retraitées les plus pauvres au Canada.»

De son côté, la Fédération des chambres de commerce du Québec a rapidement condamné la réforme. Elle trouve «imprudent de hausser de façon aussi importante les prestations» et elle déplore un fardeau financier supplémentaire pour les entreprises. Elle réclame des «mesures d'atténuation fiscale». Le ministre a laissé entendre que le gouvernement pourrait aider les entreprises à s'ajuster à sa réforme. Ce pourrait être fait dans le prochain budget.