Acquisition majeure pour le Cirque du Soleil. L'entreprise de divertissement met la main sur Blue Man Productions qui produit Blue Man Group. Le Cirque ne veut pas préciser le montant de la transaction de plusieurs millions de dollars. «Mais c'est la plus grosse qu'on n'ait jamais faite, affirme Daniel Lamarre, président et chef de la direction du Cirque du Soleil. Cela dit, au-delà d'une acquisition financière, nous acquérons une marque réputée. Nous ciblons des publics très différents avec des productions très différentes.»

Née en 1991 à New York, Blue Man Group produit des spectacles musicaux, visuels et interactifs qui mettent en vedette des hommes en bleu. L'organisation compte six productions permanentes (à Las Vegas, Orlando, New York, Boston, Chicago et Berlin) ainsi que des spectacles en tournée à travers le monde. Elle a d'ailleurs déjà diverti les Montréalais en 2003 dans le cadre du Festival Juste pour rire.

Grâce à son acquisition, le Cirque du Soleil peut maintenant dire qu'elle a un spectacle permanent à Berlin. Et le Blue Man Group, grâce aux entrées du Cirque sur le marché chinois, pourrait maintenant s'implanter en Asie. «Nous cherchions un partenaire pour certaines choses que nous ne pouvions accomplir, explique Chris Wink, cofondateur de Blue Man Group. Comment aller en Chine ou en Amérique du Sud? On avait beaucoup d'aspirations sans les moyens pour les concrétiser.»

L'entreprise montréalaise a d'ailleurs présenté à la new-yorkaise une stratégie «agressive» de contenu et de déploiement mondial. «Le Cirque va par ailleurs pouvoir nous aider à conserver nos salles pleines pour nos productions permanentes, grâce à ses stratégies marketing, juge Chris Wink.  Et nous aider dans la vente et le booking de nos tournées nord-américaines, par exemple.»

Les rencontres entre les deux organisations se sont amorcées il y a un an. «On voulait s'assurer que la chimie était bonne, dit Daniel Lamarre. Car, dans notre domaine, le coeur de l'activité, c'est la création.»

«Les discussions ne se sont jamais articulées sur la manière de métamorphoser Blue Man Group en Cirque du Soleil, note Chris Wink. Le Cirque se redéfinit pour inclure autre chose. De mon côté, j'ai beaucoup d'idées et il y a beaucoup à explorer.»

Le siège social de Blue Man Productions, qui compte 550 employés, devient montréalais. Mais cette dernière garde une autonomie créative à New York. Le Cirque intégrera les fonctions administratives ici. Des suppressions de postes «mineures» sont à prévoir.

L'acquisition de Blue Man Productions ne sera pas la dernière nouvelle d'affaires importante pour le Cirque, qui est sous la propriété du fonds américain TPG Capital et de la chinoise Fosum Capital Group depuis deux ans. «Clairement, il y en aura d'autres de ce genre, confirme Daniel Lamarre. L'équipe d'affaires en place a comme mandat de chercher plein de nouvelles ententes, cela dit, sans pression de nos propriétaires pour une croissance à tout prix. Notre ambition est de devenir un leader mondial du spectacle live.»