En complétant l'acquisition de WS Atkins, lundi, SNC-Lavalin estime avoir ajouté la pièce qui lui manquait pour se tailler une place parmi les principales firmes d'ingénierie dans le monde, affirme son président et chef de la direction, Neil Bruce.

Cette transaction de 3,6 milliards de dollars CAN - la plus importante de l'histoire de l'entreprise québécoise - lui permet entre autres d'effectuer une importante percée en Europe, une région qui n'a représenté que 5,3% de son chiffre d'affaires l'an dernier.

«Nous étions un joueur dominant au Canada, en Amérique du Nord et au Moyen-Orient, a expliqué M. Bruce, depuis Londres, au cours d'une entrevue téléphonique avec La Presse canadienne. La transaction nous permet également d'équilibrer notre portefeuille d'activités.»

En 2016, le secteur des infrastructures a généré près de 30% des recettes annuelles de 8,5 milliards de SNC-Lavalin. Avec l'ajout des activités de la firme britannique, ce secteur devrait représenter 47% des revenus.

Atkins permettra à la multinationale québécoise de générer un chiffre d'affaires annuel d'environ 12 milliards tout en faisant passer la taille de son effectif de 35 000 à plus de 50 000 employés.

SNC-Lavalin estime être en mesure de rivaliser avec des firmes américaines comme Bechtel, qui comptait 55 000 employés en 2015 en plus de générer des revenus de 32,3 milliards US, et Fluor, qui employait plus de 60 000 salariés en 2015 tout en affichant un chiffre d'affaires de 18,1 milliards US.

L'entreprise établie à Montréal chiffre à environ 120 millions de dollars les synergies qui pourront être réalisées au cours de la prochaine année, notamment parce qu'Atkins ne sera plus inscrite à la bourse londonienne.

«Entre-temps, nous travaillons sur notre plan d'intégration pour les 100 prochains jours pour déterminer où il est possible d'être plus efficaces», a expliqué M. Bruce.

Le Vieux-Continent représente plus de la moitié des recettes d'Atkins, également présente en Amérique du Nord, au Moyen-Orient ainsi qu'en Asie. La firme londonienne fondée en 1938 a généré en 2016 un bénéfice avant impôt de 219 millions sur un chiffre d'affaires de 3,1 milliards.

La dernière prise majeure de SNC-Lavalin remontait à 2014, lorsqu'elle avait mis la main sur la firme londonienne Kentz spécialisée dans les secteurs pétrolier et gazier, pour 2,1 milliards.

Après avoir mis la main sur Atkins, la firme de génie québécoise risque d'être moins active au chapitre des acquisitions.

«Nous allons continuer d'être à l'affût de transactions de moins grande envergure qui peuvent générer de la valeur, a affirmé M. Bruce. Nous n'allons certainement pas en réaliser une autre de l'ampleur d'Atkins dans un avenir rapproché.»

Initialement, SNC-Lavalin estimait que la clôture de la transaction - qui devait obtenir le feu vert des autorités réglementaires, des tribunaux et des actionnaires d'Atkins - aurait lieu avant la fin du troisième trimestre, soit vers la fin du mois de septembre.

Tout s'est déroulé beaucoup plus rapidement, s'est félicité M. Bruce, soulignant que la clôture de cette acquisition n'aurait pas pu survenir plus tôt.

Depuis le début de son année financière, en plus de l'acquisition d'Atkins, SNC-Lavalin a vendu son siège social montréalais pour en devenir locataire en plus de céder une partie de ses participations dans des projets comme le site Glen du Centre universitaire de santé McGill de Montréal dans le cadre d'un partenariat avec une société d'investissement européenne.

«C'est certainement (l'année) la plus importante depuis que je suis en poste (en 2015), a dit M. Bruce. Je crois que ça pourrait aussi la plus importante année de l'histoire (de l'entreprise). Nous aimons que les choses bougent.»

Pour financer cette acquisition, SNC-Lavalin, qui offre 20,80 livres sterling pour chaque action d'Atkins, reçoit un important coup de pouce de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) - son plus important actionnaire.

Au total, un montant de 1,9 milliard est financé grâce à une injection de capitaux de 400 millions en provenance du bas de laine des Québécois ainsi que par un prêt de 1,5 milliard garanti notamment par les flux de trésorerie de la participation de SNC-Lavalin dans l'autoroute 407 à Toronto. Le reste de la transaction est financé par des emprunts ainsi que par un placement privé réalisé auprès du public.