La baisse d'impôt massive que Donald Trump souhaite accorder aux entreprises aura un « impact » qui pourrait amener Québec à revoir sa propre politique fiscale, a indiqué le premier ministre Philippe Couillard, samedi.

« Ça ne peut pas ne pas avoir d'impact », a résumé M. Couillard en marge de sa mission commerciale en Israël.

« C'est un facteur de compétitivité, a-t-il ajouté. Les entreprises lorsqu'elles choisissent des sites d'implantation regardent plusieurs facteurs, dont les taux d'imposition pour les entreprises et pour les particuliers. »

Le président américain a présenté fin avril une ambitieuse réforme fiscale par laquelle il souhaite ramener de 35 % à 15 % le taux d'impôt sur les sociétés. Cette stratégie vise à donner un électrochoc à l'investissement dans le pays.

En guise de comparaison, le taux actuel d'imposition des entreprises est d'un peu moins de 27 % au Québec.

M. Couillard a rappelé que l'impôt des sociétés au Québec est déjà avantageux et que le taux de change rend le Canada attrayant pour les investisseurs potentiels. Il a également rappelé que son gouvernement a déjà réduit l'impôt des particuliers et des entreprises dans son dernier budget.

Mais le premier ministre a aussi reconnu qu'un changement important dans la politique fiscale aux États-Unis pourrait affecter ses choix, lui qui souhaite baisser encore le fardeau fiscal dans son prochain budget.

« C'est certain qu'une baisse du fardeau fiscal nous amènerait à analyser notre plan pour continuer à réduire le fardeau fiscal, a-t-il dit. Mais pas aux dépens du soutien de l'éducation, de la santé et des grandes priorités des Québécois comme les politiques familiales et le soutien aux entreprises. »

La proposition de l'administration Trump n'a pas été adoptée de manière définitive, a souligné M. Couillard. Elle doit être avalisée par le Congrès, qui est contrôlé par les républicains, mais qui n'est pas forcément sur la même longueur d'onde que le président.

Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc, qui participe à la mission israélienne du premier ministre, convient qu'une baisse du fardeau fiscal aux États-Unis changerait la donne au Québec.

« Si l'impôt des corporations baisse aux États-Unis, on va être en grand désavantage », a-t-il convenu.

L'homme d'affaires Mitch Garber, qui se trouve également en Israël, a dit faire confiance aux gouvernements, quelle que soit leur couleur politique, pour trouver une réponse appropriée à la politique fiscale américaine.

« C'est comme en affaires, a-t-il illustré. On regarde nos concurrents tout le temps pour savoir ce qu'ils font, où ils fabriquent leurs produits, à quel prix, quelles sont les motivations des gens pour acheter ou manufacturer quelque part. Je pense que c'est pareil pour les gouvernements que pour les compagnies. »