Le grand patron de la Caisse de dépôt et placement s'est montré hier préoccupé par la montée du protectionnisme, en particulier aux États-Unis. Il a dit craindre que de nouvelles barrières au commerce touchent indirectement le rendement de l'institution.

Le président Donald Trump a soufflé le chaud et le froid au cours des derniers mois. Il a d'abord dit souhaiter des « ajustements » à l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), mais il a par la suite imposé des droits compensateurs sur le bois d'oeuvre canadien et critiqué les politiques commerciales d'Ottawa.

Il y a eu « beaucoup de bruit », a convenu M. Sabia lors d'un passage à l'Assemblée nationale. Les prochains gestes de Washington sont « sur notre radar », a-t-il dit. Car si le commerce entre les deux pays devait fléchir, le rendement de la Caisse en souffrirait.

« Nous sommes très vigilants sur toutes sortes de dossiers, parce que si le gouvernement aux États-Unis décide d'adopter une posture beaucoup plus protectionniste, oui, il y aura des impacts ici au Canada, il y aura des impacts au Québec et, indirectement, il y aura des impacts sur notre portefeuille », a dit M. Sabia.

Il affirme que la multiplication des politiques protectionnistes à travers la planète constitue le « risque numéro un » pour l'économie mondiale.

PARADIS FISCAUX

M. Sabia a été forcé de défendre les pratiques de la Caisse, après que le Parti québécois a obtenu des données sur ses placements dans les paradis fiscaux. Ceux-ci ont doublé depuis 2013, pour atteindre 26 milliards.

Cette stratégie permet d'éviter de pénaliser les Québécois, dont la Caisse a le mandat de faire fructifier l'épargne, a argué M. Sabia.

« Si la Caisse paye des impôts à l'étranger, a-t-il dit, les Québécois se retrouveraient avec une double imposition pour chaque dollar de prestation. »

Une commission parlementaire avait recommandé le mois dernier à la Caisse de réduire progressivement ses investissements dans des entreprises qui pratiquent l'évasion fiscale ou l'évitement fiscal abusif.