Après les syndicats, c'est au tour des associations patronales de la construction de s'inquiéter de l'élargissement des travaux bénévoles qui pourront être réalisés dans les entreprises de moins de 10 salariés, les hôpitaux et les écoles.

Des inquiétudes à ce sujet ont été exprimées, vendredi, au sommet de l'industrie de la construction organisé par l'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ).

Le projet de règlement, publié mercredi, vise à autoriser certains travaux de construction bénévoles dans les Centres de la petite enfance, les hôpitaux, les écoles, les duplex et triplex, les organisations à but non lucratif (OBNL) ainsi que les entreprises comptant moins de 10 salariés.

Ces travaux bénévoles autorisés seront par exemple la pose de gypse, le remplacement des fenêtres, l'installation de comptoirs, le sablage et vernissage de planchers.

Luc Bourgoin, directeur général de l'Association de la construction du Québec, s'est carrément demandé si le gouvernement du Québec n'est pas «en train de faire une place, malheureusement, au travail au noir» en déréglementant aussi largement certains travaux de construction.

Il a souligné que 90 pour cent des entreprises au Québec comptaient 10 salariés et moins. «Est-ce qu'on a bien mesuré l'impact du règlement?» a-t-il demandé, soulignant le fait que le projet va beaucoup plus loin que de permettre à des parents bénévoles de repeindre les murs d'une école - ce qui était l'intention de départ.

Luc Bélanger, président-directeur général de l'APCHQ, a donné un exemple de répercussions de ce projet de règlement: «pour beaucoup de projets d'infrastructures publiques au Québec, ce sont des OBNL qui sont propriétaires des équipements sportifs. Si on pense à l'amphithéâtre de la Place Bell à Laval, c'est une OBNL. Et le projet de règlement permet à des gens qui n'ont pas de carte de compétence, qui n'ont pas suivi de cours de formation, d'effectuer des travaux de construction qui concernent la fenestration (par exemple) sur des équipements d'OBNL».

M. Bélanger, qui représente des entrepreneurs du secteur de la construction résidentielle, convient qu'il existait un problème avec les travaux bénévoles effectués par des parents dans les écoles, mais croit que Québec est allé bien plus loin. Il déplore également le manque de consultation des acteurs du milieu.

La CCQ réplique

À son tour, la présidente-directrice générale de la Commission de la construction du Québec, Diane Lemieux, a répété que ses inspecteurs «ne sont pas des innocents» et sauront faire la différence entre de vrais bénévoles et du travail au noir.

Si l'ouvrier «bénévole» est interrogé par un inspecteur de la CCQ et qu'il ne parvient pas à nommer l'organisation pour laquelle il fait son bénévolat, l'inspecteur en conclura qu'il s'agit d'un faux bénévole, a-t-elle résumé.

«On n'est pas dans la chasse aux bénévoles bien intentionnés; on est à la chasse au travail au noir», a-t-elle conclu.