Le ministre des Finances, Carlos J. Leitão, convient que le Québec devra «s'adapter» si l'administration Trump baisse effectivement l'impôt des entreprises de 35 à 20 pour cent, comme elle s'est engagée à le faire, mais il préfère attendre de voir ce qu'il adviendra réellement avant d'intervenir.

Le ministre Leitão a prononcé, vendredi, sa traditionnelle allocution d'après-présentation de son budget devant 350 membres de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Ceux-ci l'ont chaleureusement applaudi, l'interrompant même une dizaine de fois par des salves d'applaudissements. Le budget du 28 mars a été fort bien reçu par le milieu des affaires.

Depuis l'annonce de l'administration Trump, des observateurs soutiennent que si les États-Unis réduisent effectivement l'impôt des entreprises, le Québec et le Canada n'auront guère d'autre choix que d'agir dans le même sens, afin d'éviter un exode des entreprises et de maintenir une certaine compétitivité.

D'autres, cependant, évoquent plutôt des mesures compensatoires - comme ce qui est évoqué pour les producteurs laitiers ou l'industrie du bois d'oeuvre - et non une réduction des impôts.

Interrogé à ce sujet, le ministre Leitao a admis qu'il faudrait «s'adapter» si l'administration Trump réduisait effectivement l'impôt des entreprises.

«S'il y a une réforme fiscale importante aux États-Unis, on devra s'adapter. Mais ce que j'aimerais aussi souligner, c'est que la question des impôts ou des taxes n'est pas le seul facteur qui mène à une décision d'une entreprise d'investir ici ou là. Il faut tenir ça en considération, mais il y a d'autres facteurs, aussi, qui sont importants», a rappelé le ministre des Finances.

Et il a aussi rappelé que le président Donald Trump n'est pas le seul à décider. «Le processus politique américain est très complexe. Et même si le président peut proposer une réforme fiscale substantielle, à la fin du processus, quelle sera la taille de cette réforme-là, on verra bien», a-t-il affirmé.

Pour le moment, il garde donc un oeil ouvert. «Attendons voir ce qui va se passer. Et on va réagir après», a-t-il dit.

Fardeau fiscal

Dans le cadre de son allocution sur son budget, présenté le 28 mars, le ministre Leitão a aussi répondu aux questions du président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Michel Leblanc.

Celui-ci lui a notamment demandé au ministre des Finances s'il serait prêt à réduire le fardeau fiscal, dans son prochain budget, si une marge de manoeuvre pouvait être dégagée.

Le ministre Leitão a répondu que s'il s'engageait dès maintenant à réduire le fardeau fiscal dans son budget de mars 2018, alors que les élections générales auront lieu en octobre 2018, on l'accuserait d'user d'une manoeuvre électoraliste.

«Mais ce que je peux dire, c'est que nous sommes bien conscients que le fardeau fiscal au Québec est très élevé, parmi les plus élevés en Amérique du Nord, pour les particuliers et pour les entreprises. Nous sommes conscients aussi que chez nos voisins américains, il y a toute une réforme fiscale qui est en train de se concocter», a-t-il conclu, avant d'ajouter que «si on peut aller plus loin, on va aller plus loin».