Deux bonnes nouvelles ont été annoncées pour 4,3 millions de contribuables dans le quatrième budget de Carlos Leitao. Inattendue, une légère baisse d'impôts générale à compter de 2017 s'ajoute à l'abolition rétroactive de la taxe santé pour 2016.

Un budget «porteur de bonnes nouvelles», a souligné le ministre des Finances dans son discours à l'Assemblée nationale. Ce troisième budget sans déficit tombe au moment où l'horizon économique semble se dégager pour les finances publiques québécoises. La croissance économique de 2016 (1,7%) est supérieure à celle du Canada et des États-Unis. Elle sera au même niveau en 2017, et se maintiendra à 1,6% l'année suivante, selon les prévisions de Québec. Le taux de chômage moyen atteint un plancher historique, à 6,4%.

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Le budget de mardi annonce également un peu de répit pour les contribuables. Les premiers 14 890 $ de revenus seront exempts d'impôts - la barre était à 11 635 $ en 2016. La bonification de cette exemption de base représente une économie de 55 $ pour une personne seule, 110 $ pour un couple. La mesure coûtera environ 295 millions par année au gouvernement.

Elle s'ajoute à une mesure déjà ébruitée; l'abolition rétroactive de la «contribution santé» pour 2016: 97% des contribuables n'auront pas à défrayer cette taxe - une économie de 175 $ par année. Les hauts salariés - plus de 134 000 $ - la paieront toujours jusqu'en 2017, jusqu'à concurrence de 1000 $ pour un revenu de 159 000 $ ou plus. 

L'élimination rétroactive de la taxe santé coûte 440 millions au gouvernement. Le ministre Leitao ajoute l'impact de l'abolition de la taxe santé pour 2017 déjà annoncée pour affirmer qu'un couple à deux revenus de 45 000 $ économisera 510 $ d'impôts en 2017.

Les baisses d'impôts insuffisantes, selon le PQ

Pour l'opposition péquiste, «après trois ans de démolition, on a un budget de rafistolage», selon le critique aux Finances, Nicolas Marceau. Les dommages causés par les compressions de dépenses depuis trois ans ne sont réparés qu'en partie, «ce budget est un aveu de culpabilité, presque des excuses». «Le gouvernement a pigé 1500 $ dans la poche des familles et leur en retourne 500 $, observe M. Marceau. «C'est l'heure des bonbons, c'est extrêmement cynique.» 

«Pourquoi croirait-on aujourd'hui un gouvernement qui a brisé ses promesses?, a conclu M. Marceau. S'ils avaient augmenté les budgets de la Santé et de l'Éducation comme les libéraux l'avaient promis en campagne électorale, il y aurait aujourd'hui 1,4 milliard de plus en santé et 1 milliard, de plus pour l'éducation.»

À la Coalition avenir Québec, le chef François Legault voit dans ce budget l'augmentation du fardeau fiscal de 1300 $ par famille depuis le début du mandat. Les baisses d'impôt annoncées ne sont «rien pour écrire à sa mère». Après des hausses d'impôts et de taxes des trois budgets précédents, les familles québécoises restent lésées de 800 $ par année, a souligné le chef caquiste, «ce sont les vraies perdantes de ce budget». «Le gouvernement semble tout heureux d'être content d'avoir une croissance économique de 1,7%, alors qu'il faudrait faire mieux que nos voisins.»

Pour Manon Massé, de Québec solidaire, «après trois années où la population a été étouffée, on s'attendait à plus». «Ça prend pas le pogo le plus dégelé de la boite pour comprendre qu'après avoir mis le feu dans la bâtisse, ce n'est pas un coup de peinture et des nouveaux rideaux qui vont changer les choses», a lancé Mme Massé. La disparition de la taxe santé après 2017 signifie une baisse d'impôt de 1000 $ par année pour les hauts revenus, relève Mme Massé. C'est cinq fois plus que pour les petits salariés.

Coussin confortable

Québec, qui tablait sur un surplus de 2,3 milliards après les neuf premiers mois de 2016, a devancé aussi 400 millions de dépenses à l'année financière qui se termine. Avec cette mesure et l'abolition de la taxe santé de 2016, le surplus de 2016-2017 est ramené à 250 millions $. Pour l'an prochain, Québec se prévoit un coussin, un «fonds de suppléance» de plus de 879 millions $. Plus de 2,5 milliards $ sont engrangés à la veille de l'année pré-électorale. Québec table sur une amélioration prévisible de ses recettes de 1,6 milliard $ même s'il prévoit terminer 2017-2018 sans surplus. 

La croissance de l'emploi a été robuste. Entre janvier et décembre 2016, 90 000 emplois se sont ajoutés, soit 40% de ceux apparus au pays. La marge de manoeuvre importante à prévoir l'an prochain vient d'une économie en croissance, a souligné le ministre Leitao. Le gouvernement s'était engagé à créer 250 000 emplois sur cinq ans, il est à 150 000 après trois ans, selon lui. Pour M. Marceau, du Parti québécois, le gouvernement ne pourra faire mieux que 140 000 emplois sur ses cinq ans.

Hausse des dépenses

Du côté des dépenses, le gouvernement ouvre les vannes pour une croissance de 3,8% l'an prochain, essentiellement accaparée par l'éducation et la santé dont les budgets augmentent de 4,2%. Pour l'éducation, cela signifie une augmentation des dépenses de 637 millions, permettant l'embauche, pour la rentrée de septembre 2017, de 1500 enseignants au primaire-secondaire et de 500 personnes pour l'enseignement supérieur.

Pour le méga-budget de la santé, l'augmentation signifie une hausse des dépenses de 1,5 milliard. Comme prévu, le gouvernement veut revoir son engagement quant aux hausses de revenus des médecins. La parité avec les autres provinces est atteinte, a souligné le ministre de la Santé Gaétan Barrette. Québec propose ainsi un «réaménagement de l'étalement convenu en 2014». Dans les faits, il annonce qu'il va plafonner à 3% par année la croissance de la rémunération des médecins, qui restera à 20% du budget global de la santé.

Le gouvernement prévoit que sa contribution au Réseau électrique métropolitain (REM) sera de 1,3 milliard et s'attend à un effort identique d'Ottawa. Québec injectera 475 millions sur cinq ans pour la nouvelle Autorité régionale de transports métropolitain, qui remplace l'AMT - il n'y aura pas de nouvelles taxes pour la mise en service du REM, assure-t-on.